Ces derniers temps, j’ai échangé avec un certain nombre de pratiquants sur l’Aïkido et son évolution dans les années futures, à la lumière du passé. Ces conversations m’ont permis de développer une réflexion personnelle sur le sujet, déjà entamée depuis quelques années. Au fondement de cette réflexion, une question : que veut-on vraiment pour l’Aïkido ? Car oui, tout est une question d’ambition pour la discipline.  Je vous propose donc ici une série de questionnements de fond à laquelle je répondrai en toute transparence. Bonne lecture.

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Aikido : quelles valeurs incarne-t-on vraiment ?

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Les valeurs sont régulièrement mises en avant dans les arts martiaux. 

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L’Aïkido ne fait pas exception et met en avant plusieurs d’entre elles : 

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Sur le tatami, certaines valeurs sont également mises en avant : 

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  • Le Reishiki, ou le respect de l’étiquette
  • Le Shisei, ou l’attitude martiale du pratiquant
  • Le respect de l’intégrité (physique et morale)
  • Etc

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Pour autant, l’Aïkido subit des querelles d’Ego qui portent atteinte à l’image de la discipline. 

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Rivalités interpersonnelles, guerre de pouvoir et de territoire, l’Aïkido n’échappe pas à la contagion humaine dont sont victimes de nombreux secteurs d’activités et milieux professionnels. La compétition est bien présente, mais malheureusement, en dehors des tatamis. 

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Bien sûr, tous les pratiquants ne sont pas animés par ces enjeux. Toutefois, lorsque les instances décisionnaires le sont, et peu importe l’échelle territoriale, cela peut impacter le développement local de l’Aïkido. 

 

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De même, l’argent, qui peut facilement corrompre l’homme, n’épargne pas l’Aïkido. C’est le syndrome de l’objet brillant qui peut pousser l’Aikidoka à renier ses traditions protocolaires et se laisser aveugler par un Etat influent qui ne partage pas ses valeurs.

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Alors, plutôt que de prôner de belles valeurs, incarnons-les et faisons briller l’Aïkido par son exemplarité. 

 

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A titre d’exemple, Stéphane Ethève, Directeur Technique Régional (DFR) de l’Ile de la Réunion, mène à bien des projets dans lesquels il met en valeur les jeunes de son territoire en affirmant que l’excellence ne se trouve pas dans la technique mais dans le partage. Un contrepied au modèle de perfection souvent prôné en Aïkido.

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Cherche-t-on vraiment à représenter la diversité sociale, ethnique, sexuelle et générationnelle sur les tatamis ?

Je ne cesse de le répéter :  si l’Aïkido veut diversifier la nature de ses pratiquants sur les tatamis, il faut introduire de la diversité parmi ses dirigeants et ses techniciens. 

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Or aujourd’hui sont mis en avant : 

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Il existe bien des clubs LGBT friendly et des événements sportifs valorisant la diversité sexuelle (TIP Paris, auquel l’Aikido se greffe, mais ils sont anecdotiques).

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Pourtant, si l’on voulait vraiment que l’Aïkido soit représentatif de la population française, on aurait introduit de la diversité dans nos affiches. 

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On pourrait me rétorquer que lorsqu’on cherche l’excellence, on doit faire des choix. Mais c’est un choix que de choisir l’excellence (technique).

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  • A-t-on besoin d’être 5e Dan pour animer un stage débutant ?
  • A-t-on besoin de faire venir des têtes d’affiche sur tous les “grands stages” ?
  • A quel moment peut-on donner leur chance à des jeunes 2e Dan titulaires d’un BF

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On pourrait faire le choix de l’accessibilité et de la représentativité, mais on a fait le choix de l’excellence technique. 

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Or ce ne sont pas les experts techniques qui attirent de nouveaux pratiquants.

Ce ne sont pas les stages de 1000 personnes sur les tatamis qui attirent de nouveaux licenciés.

Ces actions ne drainent que des aikidokas souvent déjà avancés. 

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Pour attirer de nouveaux pratiquants et de nouveaux publics, il faut être à l’écoute de ses aspirations, de ses références culturelles, de ses modèles d’inspiration et utiliser une communication ciblée. La pop culture est un moyen de communication à mobiliser, et les références à l’Aïkido commencent à devenir de plus en plus nombreuses.

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Certains regrettent que les stages rassemblent moins de pratiquants sur les tatamis, mais attirer des pratiquants en stage et faire monter des néophytes sur un tatami sont deux démarches différentes.  

 

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Par conséquent, cherche-t-on à vraiment attirer de nouveaux licenciés ?

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C’est l’objet de mon point suivant. 

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Cherche-t-on vraiment à attirer de nouveaux licenciés ?

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Dans une entreprise, lorsqu’on cherche à recruter de nouveaux clients, on met en place une stratégie commerciale. 

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En Aïkido, c’est la même chose. 

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Certes, il est important de maintenir un certain nombre d’adhérents pour que la discipline vive, mais il est important de développer une véritable stratégie pour en attirer de nouveaux. En tout ça, si l’on veut former de futurs pratiquants, attirer une nouvelle génération sur les tatamis mais également s’ouvrir à un nouveau regard sur l’Aïkido.

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Concrètement, quelles actions ont été menées jusqu’ici ? 

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  • La participation des clubs aux traditionnels salons des associations en septembre, qui offrent un stand aux clubs et facilitent le contact avec le grand public
  • Certains clubs ont l’opportunité danimer des démonstrations à l’occasion d’événements locaux
  • La presse locale et la communication digitale peuvent donner une visibilité aux clubs pour toucher un public local 
  • La récente naissance d’une entité commune à la FFAAA et à la FFAB, France-Aikido, pour faire connaître l’aïkido auprès du grand public.

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Et bien sûr, des initiatives isolées menées par les clubs et techniciens.

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C’est peu. 

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C’est trop peu lorsqu’on a une véritable volonté d’attirer le grand public de manière massive.

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Alors que faire ? 

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  • Allouer un véritable budget à la communication 
  • Développer des sponsors et partenariats avec des grandes enseignes pour booster la visibilité de l’Aïkido (comme proposé dès 2020 dans le programme du Collectif Irimi)
  • Recruter des profils commerciaux pour développer une stratégie commerciale à une échelle locale et nationale 
  • Développer l’Aïkido en milieu scolaire 

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La porte était déjà ouverte, mais il peut être parfois bon de l’enfoncer de nouveau. 

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Cherche-t-on vraiment à développer la progression technique des pratiquants ?

formation au Brevet Fédéral

La progression technique ne peut se contenter de contempler l’excellence.

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Pour progresser en Aïkido, il est important de pratiquer régulièrement.

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Mais ce n’est pas tout.

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On peut aller plus loin et : 

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Ce sont les actions quotidiennes qui permettent la progression technique. Car n’oublions pas que : 

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  • Les “grands stages” ne permettent pas la progression technique, même animés par les techniciens les plus prestigieux. 
  • Le grand nombre de participants et la nature ponctuelle de l’événement ne permet pas de recevoir assez de correction individuelle 
  • Le nombre de pratiquants peut générer des problématiques de sécurité sur le plan physique (chutes, manque d’encadrement…)

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Veut-on vraiment faire de l’Aikido un projet professionnel accessible à tout technicien ?

La question de la professionnalisation de l’Aïkido est encore un tabou en France.

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Combien d’aikidokas vivent à 100% de leur activité ?

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Pour beaucoup, l’Aïkido doit être un loisir, ou encore, un travail bénévole.

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Par conséquent, l’image que la professionnalisation ne serait réservée qu’à une poignée de chanceux perdure. 

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Or, l’Aïkido pourrait changer de modèle économique : 

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  • En développant l’Aïkido scolaire pour pouvoir travailler en journée
  • En étant systématiquement rémunéré pour l’animation de cours réguliers
  • En développant les revenus liés à la formation en entreprise
  • En animant des démonstrations occasionnelles
  • En développant la formation de formateurs 
  • En développant des recettes de la vente de produits dérivés liée à une marque forte (même à l’échelle des clubs)

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Bien sûr, on ne peut pas faire bouger les lignes en un coup de baguette magique mais le changement s’initie doucement et prudemment. 

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Veut-on vraiment s’unir autour d’un projet commun ? 

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La question est donc : que veut-on pour l’Aïkido ?

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  • Laisser les anciens décider de l’avenir de l’aïkido et rester sur les devants de la scène jusqu’à leur dernier souffle?
  • Flatter les égos des plus puissants et perpétuer les luttes de pouvoir ?
  • Donner sa chance à une nouvelle génération de techniciens qui pourrait émerger tout en cohabitant avec les anciens ?
  • Ou encore, rendre l’Aïkido populaire et accessible comme il ne n’a jamais été jusqu’ici ? 

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La proposition est certes orientée, mais les dès sont lancés. 

 

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