J’ai eu le plaisir d’interviewer le club d’aikido de Besançon, le Shoshin dojo. C’est en observant la communication dynamique et régulière du club sur les réseaux sociaux que je me suis intéressée à ses membres. Je vous propose donc de découvrir avec moi les coulisses du Shoshin dojo, les secrets de leur communication et leurs conseils pour développer la visibilité de son club d’aikido. Bonne lecture.
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1/Vous êtes un club jeune et dynamique, très actif sur les réseaux sociaux. Pouvez-vous vous présenter afin que l’on vous connaisse mieux ?
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Bonjour Yeza ! Moi c’est Alban. Comme je m’occupe de la com’ du Shoshin Dojo et comme je sens que l’entretien va tourner autour ce thème, c’est moi qui vais répondre à tes questions.
Alors le Shoshin Dojo est un club de Besançon relativement jeune — ou relativement âgé selon les appréciations —. Il a été fondé en 2006 par un trio d’enseignants qui ont quitté le dojo depuis. La relève a été assurée par de jeunes élèves alors assistants de cours, ce qui fait que la direction technique est toujours assurée de manière collégiale. Le groupe s’est étoffé puisqu’aujourd’hui nous sommes cinq professeurs d’aikido (Romuald, Marie, Edmond, Elise, et moi-même) et nous nous répartissons l’animation des cours des différentes sections (enfants, ados et adultes).
À noter que nous avons aussi un cours dans le Jura, non loin de Dole. Nous avons la particularité d’avoir également une section dédiée uniquement à la pratique du kenjutsu (aikiken, kashima, iaido). Toutes sections confondues, pour cette année, nous sommes quelque 90 membres. Voilà pour présenter brièvement notre club.
2/D’où viennent vos adhérents ?
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C’est assez variable et il ne semble pas y avoir de règle. Beaucoup découvrent le Dojo à partir d’une simple recherche sur le web ; soit qu’ils cherchent précisément un club d’aikido, soit qu’ils recherchent un art martial qui pourrait leur correspondre. Comme notre site internet n’est pas trop mal référencé, ils tombent sur nous et nous contactent dans la foulée. Nous accueillons aussi des élèves grâce au bouche-à-oreille qui nous est plutôt favorable. Et enfin, contrairement aux idées reçues, pas mal de contacts se font grâce aux flyers qu’on sème un peu partout. Comme quoi “print is not dead” !
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Pour finir, dès qu’on peut s’associer à un évènement (portes ouvertes, fêtes des associations, ateliers d’initiation…), nous le faisons. C’est un moyen d’’assurer un peu de visibilité pour nos disciplines auprès du grand public et ça nous permet aussi parfois de recruter de nouveaux adhérents. Nos élèves les plus assidus aujourd’hui, on les a rencontrés dans le cadre d’une animation dans un collège.
Comme tu peux le constater, les chemins qui conduisent nos élèves à pousser les portes du Shoshin sont assez variés.
3/Quel est le profil de vos adhérents ?
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En termes d’âge, on ne suit pas vraiment les tendances fédérales puisque nous sommes un dojo plutôt jeune. Alors certes, nous avons des sections enfants et ados qui ont tendance à rajeunir notre moyenne d’âge, mais si l’on regarde plus spécifiquement les cours adultes, on constate que nous y accueillons pas mal de jeunes adultes. Ça va des lycéens aux trentenaires en passant par des étudiants. Mais on a aussi quelques “vieux” sur les tapis. On reste un club d’aikido ^^
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Pour ce qui est de la proportion filles garçons… Sans détailler précisément les chiffres et pour te donner les grandes tendances. On atteint la parité chez les enfants. Chez les ados, les filles constituent près des ⅔ de l’effectif mais elles sont plus discrètes chez les adultes, à peu près le tiers des élèves je dirais.
Nous avons pour l’essentiel des élèves débutants et de niveaux intermédiaires pour qui l’aikido ou le kenjutsu constituent la première expérience avec les arts martiaux. Nous avons un effectif qui se renouvelle assez régulièrement. Comme beaucoup de clubs, la transition d’une section d’âge à l’autre est souvent “difficile” et le club y perd quelques adhérents. On paie aussi le fait d’être en province. On a des jeunes oui, mais ces jeunes sont souvent amenés à devoir quitter la ville voire la région pour poursuivre des études ou démarrer leur vie professionnelle.
4/Comment s’organise votre communication ? (qui publie, quelles compétences avez-vous ? Avez-vous un planning éditorial ?)
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On attaque le gros morceau de l’interview ^^
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Alors, pour l’essentiel c’est moi qui m’en charge. Il se trouve que je suis infographiste et que je travaille dans un service com’. Alors même si mon cœur de métier reste le design graphique et la mise en page, j’ai quelques compétences connexes que je peux réinvestir au bénéfice du développement du club : élaborer des contenus rédactionnels, animer des réseaux sociaux, faire un peu de référencement SEO, définir une stratégie, un planning… Même si je ne suis pas spécialiste dans tous ces domaines, ça aide.
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Nous essayons d’avoir une communication qui se développe sur plusieurs canaux avec des objectifs distincts mais qui se rejoignent aussi parfois. À gros traits, voici notre stratégie de communication ::
- pour se faire connaître des potentiels nouveaux élèves : les flyers et le site web
- pour générer du trafic vers le site web : des articles type “blog” partagés sur les réseaux
- pour montrer qui on est et ce qu’on fait : réseaux sociaux et certaines rubriques du blog
- pour fédérer nos adhérents : réseaux sociaux, interviews de membres et newsletters
Voilà pour l’essentiel. De manière plus anecdotique, on a pu faire des goodies (ecocups, stickers…), on a de jolis roll up qu’on sort dès qu’on est sur une manifestation et là, nous venons de lancer une boutique en ligne pour nos membres. Ils peuvent y trouver des tee-shirts et des sweats aux couleurs du Shoshin. Ça peut faire un peu de pub’ dans la cour du collège ^^
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Pour les contenus, on essaie de les varier. Entre des interviews de profs et d’élèves, des articles un peu plus de fond, des conseils lecture, des tranches de vie du Dojo… Là, on vient de lancer une rubrique “Le saviez-tu ?”. C’est des tips (conseils) qui reviennent sur des idées reçues ou des fun facts liés à l’aikido mais pas que. L’idée globale, c’est que tout le monde y trouve son compte.
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Mais tout cela reste bénévole. Donc même s’il serait très pertinent d’avoir un planning éditorial, dans les faits, il nous est très difficile d’être réguliers. Ça fait d’ailleurs un moment qu’on n’a pas publié d’article sur notre blog et bien souvent la fréquence de nos publications sur les réseaux sociaux fluctue en fonction de la disponibilité de mon cerveau. C’est vrai que quand j’ai des semaines de boulot bien chargées, allumer l’ordi le soir ou le week-end pour me retrouver sur Photoshop, Indesign ou Insta… J’ai moyen envie.
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Mais c’est sûr, nous devrions être plus réguliers et établir un planning. Il faudrait aussi qu’on ait des contenus différenciés entre Facebook et Instagram, qu’on s’oriente davantage vers le format vidéo… Ce ne sont ni les idées ni les besoins qui manquent.
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Après, si on a un moment de l’année à ne pas rater c’est la rentrée. Et là, tout le monde se mobilise pour distribuer et déposer les flyers, être présents aux portes ouvertes ou autres forums.
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5/Avez-vous un budget communication ?
Bien évidemment. L’impression des flyers est une dépense récurrente mais qui reste abordable et assez stable, donc facile à budgéter d’une année sur l’autre. On a bien sûr l’hébergement et la maintenance du site web qui est confiée à une agence bisontine. La réalisation du site a été un investissement conséquent mais c’est une mise de départ nécessaire. On continue de le faire évoluer selon nos besoins. Cette année, on a mis en place un agenda. Donc, en plus de la maintenance annuelle, on peut avoir des coûts ponctuels. Ça s’anticipe… Sinon de temps à autre, on refait nos roll up ou des gobelets.
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J’ai arrêté depuis un petit moment les contenus sponsorisés sur les réseaux sociaux. Je n’avais pas l’impression que ça nous apportait grand chose. Ou alors il aurait fallu qu’on y consacre un peu plus d’argent… De même, on ne fait pas d’insertion dans la presse locale. Ça chiffre vite et le club ne peut pas tout se permettre. Tout mon travail d’élaboration des contenus et des visuels est bénévole. C’est une belle économie pour le club mais il n’en reste pas moins que nous devons faire des choix.
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6/Êtes-vous tous enseignants bénévoles ?
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Au sein du Shoshin Dojo, toutes les tâches, de l’enseignement à l’administration en passant par le développement de projets… et la communication donc… toutes les tâches sont bénévoles !
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Pour revenir plus spécifiquement aux enseignants, on assure 12 heures de cours hebdomadaires auprès des élèves du Shoshin Dojo. 12 heures auxquelles s’ajoutent les temps de préparation et de concertation entre profs. En plus de cela, on anime chaque année, des séances au sein d’une institution pour des enfants polyhandicapés, des séances de découverte dans des maisons de quartier, pour des accueils de loisirs ou d’autres associations.
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On est investis quoi ! ^^
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7/Vous êtes tous titulaires d’un grade Nidan, est-ce une problématique pour votre enseignement au quotidien ?
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Pas vraiment. Comme nous avons pour l’essentiel des débutants, nous avons de la “matière” à leur apporter et nous n’avons pas le sentiment d’être freinés par notre propre niveau. Et puis, je ne suis pas persuadé que le grade garantisse un niveau d’enseignement. La qualité pédagogique ne dépend pas que du niveau technique… Tout dépend aussi des objectifs pédagogiques que l’on se fixe en tant qu’enseignant. Comme je te le disais plus tôt, beaucoup de nos élèves sont amenés à nous quitter pour leurs études ou pour des raisons professionnelles. Notre ambition n’est donc pas tellement de former des pratiquants qui vont performer aux examens de grades fédéraux puisque, pour la plupart, nous ne les garderons pas suffisamment longtemps pour les y amener. Du coup, nous avons plutôt à cœur que les élèves se fassent plaisir sur les tatamis et qu’ils acquièrent des fondamentaux clairs et précis. L’idée c’est que s’ils doivent un jour quitter le Shoshin, il faut qu’ils puissent poursuivre leur chemin d’aikidoka dans un autre dojo et de manière confortable. Et pour ça, il faut que le travail de bases soit solide.
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Par ailleurs, comme nous sommes plusieurs enseignants, nous sommes obligés d’échanger beaucoup entre nous. Du coup, on ne reste pas bloqué face à une difficulté d’ordre pédagogique ou une question purement technique. Le partage de connaissances, d’expériences et de points de vue nous fait avancer individuellement et collectivement.
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Enfin, on se nourrit beaucoup de ce que l’on voit en stage. Sans être tous les week-ends sur les routes de France et de Navarre, on sort quand même régulièrement de notre dojo pour suivre les techniciens qui nous plaisent et dont la pratique nous parle. Entre les stages de Ligue et privés, c’est assez varié… Michel Erb, Hélène Doué, Luc Mathevet, Christian Tissier, Hervé Guénard… Il y a quelques semaines, Élise et Romuald sont montés en Alsace pour un stage animé par Paul Muller. On organise aussi nos propres évènements. On invite chaque année Rémi Soufflet qui est un ami de Rhônes-Alpes et Hélène Doué est venue chez nous deux fois en 2023. Elle repassera par Besançon d’ici quelques mois d’ailleurs.
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8/Vous mettez en valeur les pratiquants à travers des photos et interviews : pourquoi cette démarche ?
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Les interviews pour plusieurs raisons. Déjà, pour que nos élèves se connaissent un peu mieux les uns les autres. Les adultes ne croisent pas forcément les sections jeunes ; les aikidokas ne connaissent pas forcément les kenjutsukas… Et puis, même si on pratique régulièrement avec quelqu’un, on ne connaît pas toujours les raisons qui l’ont poussé à venir à l’aikido, ce qu’il y trouve, ce que la pratique lui apporte. Donc l’interview c’est une solution assez simple à mettre en œuvre pour apprendre à se connaître un peu plus. En plus, le format est plutôt sympa, facile à lire.
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Après, d’une manière globale, on essaie effectivement de mettre en avant les élèves.. Il est vrai que certains dojos choisissent de centrer leur communication autour de la personnalité et de la renommée de leur enseignant. Bon, ben nous on est cinq et aucun d’entre nous n’a de renommée qui va au-delà de la porte du dojo alors bon… Pas sûr que ça aurait été l’angle le plus pertinent nous concernant. Et puis je crois que ce n’est tout simplement pas dans notre nature.
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Non mais c’est très bien comme ça. En plus, mettre en avant les élèves, ça permet de montrer la diversité qu’il y a sur les tatamis. Il y a des filles, des garçons, des non-genrés aussi, des tout-petits et des plus vieux, des grands et des petits, des maigres et des bedonnants… L’aikido et le kenjutsu c’est pour tout le monde, c’est accessible. C’est bien de le montrer. À mon avis, ça permet aux curieux de se projeter plus facilement dans la pratique.
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9/On dit souvent que la communication digitale ne sert pas à recruter des adhérents, pourquoi communiquez-vous ?
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Je ne suis que partiellement d’accord avec cette affirmation. Effectivement, le réseau social, ce n’est sans doute pas le canal par lequel les futurs pratiquants vont connaître la discipline et le club qu’ils choisiront. En revanche, je pense que les réseaux sociaux interviennent en deuxième ligne, pour confirmer un choix, se décider à envoyer un mail, à passer un coup de fil ou à pousser la porte du dojo… Donc à mon avis, ça reste important de donner à voir la vie du club.
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Et puis, comme je te le disais, quand on partage sur les réseaux des articles publiés sur notre site web, ça permet de générer du trafic vers celui-ci. Ce qui est important pour le référencement.
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Par ailleurs, Instagram nous a permis d’être en contact en dehors de tatamis avec les ados du club. Ils ne sont évidemment pas sur Facebook — qui devient de plus en plus un réseau de boomers ^^ — et beaucoup d’entre eux n’utilisent pas WhatsApp. En revanche, ils sont quasiment tous sur Instagram. En plus des publications qu’ils peuvent enfin voir, liker et partager, on a un groupe de discussion qui permet de passer des infos rapides. Rien que pour ça, c’était nécessaire pour nous d’investir la plateforme.
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Aujourd’hui, il faudrait sans doute qu’on aille aussi sur Tik Tok… Je pourrais prétexter un manque de temps mais pour être honnête, j’y comprends pas grand chose à Tik Tok. À chaque fois que j’y vais pour essayer de réfléchir à ce qu’on pourrait y faire, je me prends une claque générationnelle ! C’est pas bon pour mon moral ^^
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10/Quel conseil donneriez-vous à un club provincial pour booster sa communication avec peu de moyens ?
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Avant tout, je dirais qu’il est primordial de bien connaître son secteur géographique : zone périurbaine, ville moyenne, campagne, grande agglomération… et d’essayer d’en circonscrire quelques grandes tendances : types de populations, offres en matières de loisirs, de sports et plus particulièrement d’arts martiaux… repérer les structures qui pourraient devenir des relais (centres sociaux, maisons de quartier municipales, maison des associations, établissements scolaires) et identifier ce que font les autres clubs et qui marche. Faire une petite étude de marché en somme. Mais sommaire.
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À partir de là, il faut :
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- faire le point sur l’existant et essayer d’en évaluer la pertinence
- identifier les compétences en interne : rédaction, photo, vidéo, réseaux sociaux…
- définir quelques objectifs réalisables (se fixer des objectifs inatteignables est le meilleur moyen de se démobiliser)
- définir une démarche : est-ce qu’on va faire comme les autres ou est-ce qu’on va faire différemment pour se démarquer ?
- définir un budget annuel, même s’il est modeste
- choisir les outils à mettre en œuvre : site web, réseaux sociaux, insertions presse…
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À mon sens, il est quand même difficile aujourd’hui de se passer d’un site web. Pas besoin d’un truc flamboyant, mais il faut quelque chose bien conçu qui permette à l’utilisateur de trouver rapidement toutes les infos importantes (adresse du dojo, numéro de contact, horaires des cours, montants des cotisations…). C’est sûr que passer par une agence web, c’est un budget. Mais il existe des solutions plutôt simples d’utilisation et à moindre frais que vous pouvez prendre en main assez facilement (pour peu que vous y consacriez quelques heures quand même ^^).
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Selon l’endroit d’implantation de votre club, la présence sur les réseaux sociaux est vraiment stratégique si vous voulez attirer les pratiquants plus jeunes. Et on sait que c’est un enjeu pour tous les clubs aujourd’hui. L’avantage des réseaux, c’est que c’est gratuit. Pour ce qui concerne les contenus à publier, je dirais qu’il faut faire au plus simple et juste montrer la réalité de la vie de votre club. C’est ce qu’attendent les socionautes. Donc, faites simple, allez à l’essentiel, mais ne négligez pas pour autant les textes qui accompagnent vos images.
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Pensez aussi aux flyers. Pour nous ça marche en tout cas. Un truc simple d’ailleurs… Quand vous accueillez des personnes pour les cours d’essai, demandez-leur systématiquement comment ils ont eu connaissance de votre club. Ça vous permettra rapidement de savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas.
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N’hésitez pas aussi à vous payer les services d’un graphiste pour réaliser vos supports de com’. Les tarifs ne sont pas forcément exorbitants et je suis convaincu que faire des choses belles, c’est important.
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Et si jamais vous n’arrivez vraiment pas à dégager de budget, pensez aux outils que propose votre fédération. En tout cas, pour ce qui concerne la FFAAA, il y a de quoi se constituer une gamme d’outils variés pour pas très cher.
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Et enfin, soyez patients. Se faire connaître et être identifié, ça prend du temps.
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10/Le mot de la fin ?
Vous pouvez nous rendre visite quand vous le souhaitez ! Si vous venez les 4 et 5 mai prochains, nous aurons le plaisir d’accueillir Hélène Doué pour un stage ! Plus d’informations très prochainement 🙂
👉 Vous pouvez suivre Shoshin Dojo sur Facebook et Instagram !
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Si vous souhaitez développer la visibilité de votre club ou booster votre communication, vous pouvez télécharger mon Ebook : 3 étapes pour développer la visibilité de votre club