J’ai eu le plaisir d’interviewer Stéphane Etheve, 5e dan d’aikido, DFR de la Ligue de la Réunion, membre de l’Institut de la formation de la FFAAA. Le profil de Stéphane a suscité ma curiosité de par son exemplarité en matière de production de contenus de formation, son engagement pour le renouvellement des cadres de l’Aikido par la jeunesse, mais également parce qu’il est porteur d’une vision novatrice (et controversée) de la discipline. Bonne lecture.
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Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Stéphane ETHEVE. Je suis originaire de l’île de La Réunion. J’ai grandi et suivi toute ma scolarité dans le département. J’ai également suivi mes études de STAPS (mention éducation et motricité) à l’université de La Réunion. J’ai obtenu ma licence en 1993 et mon CAPEPS en 1995. En parallèle j’ai poursuivi mes études et ai obtenu ma maîtrise en 1996. 4 ans plus tard, j’obtiens mon agrégation en EPS. J’enseigne aujourd’hui l’EPS dans un lycée. Tout au long de ma carrière, j’ai accueilli des étudiants en STAPS (de la licence au master) en stage de professionnalisation et ai donc participé à la formation de bon nombre de jeunes professeurs d’EPS. Aujourd’hui encore, je m’occupe, avec mon collègue, des classes de spécialité EPPCS (Éducation Physique Pratique et Culture Sportive), spécialité ayant vu le jour dans les programmes scolaires il y a deux ans maintenant.
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Mon parcours en Aïkido est relativement simple. Ce n’est pas une grande aventure à la Indiana Jones.
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J’ai commencé l’Aïkido à l’âge de 15 ans (c’était en 1987), tout à fait par hasard, et surtout parce que je me suis trompé de discipline. Pour l’anecdote, tous les adolescents de mon âge étaient fans de Bruce Lee. C’est en visionnant l’un de ces films que m’est venue l’idée de pratiquer le sport de combat que faisait ce fameux Bruce Lee. Je ne savais pas que ça s’appelait Jeet Kune Do ! Je ne savais même pas que c’était un art martial ! En lisant le générique j’ai vu apparaître le mot Hapkido ! Vous devinez la suite ! J’ai vu un dojo où il y avait écrit AIKIDO et j’y suis allé en pensant que c’était ce que faisait Bruce Lee ! Rien à voir avec le Jeet Kune Do ou le Hapkido ! 😉 Et bizarrement , je n’ai jamais arrêté !
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Cela fait donc maintenant 37 ans que je fais de l’Aïkido. Je me suis permis simplement un petit break pour passer mon CAPEPS. Je devais d’ailleurs passer mon shodan l’année du concours. J’ai privilégié le CAPEPS.
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Mon premier professeur (je n’aime pas dire sensei {je m’expliquerai plus tard}) s’appelait Lucien Sylvestre. Il est aujourd’hui 3ème DAN et s’occupe encore d’un club rempli de jeunes pratiquants ! C’est lui qui m’a fait aimer l’Aïkido. Il a su me garder sur les tatamis. Comment ? je ne saurai dire son secret ! Et puis nous étions une sacrée bande de jeunes au club. On se marrait bien, on se “tapait” bien dessus également et c’était aussi pour moi un endroit où je pouvais fuir la maison. Loin de nous les notions d’intégrité, de construction technique … à cette époque. Il fallait juste que ça envoie ! À vrai dire, maintenant que j’y pense, c’est peut-être ça qui m’a fait rester sur les tatamis !
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Un peu plus tard, un autre professeur a très vite fait figure de référent technique sur l’île. Il revenait de France et avait pratiqué longtemps au Cercle Tissier. Hubert Fontaine (Alias Daddy) était l’un des élèves de Christian Tissier. Daddy était un excellent technicien. J’ai longtemps suivi ses cours et navigué de dojo en dojo pour parfaire ma progression technique avec lui. Daddy est devenu DTR et j’ai suivi tous les stages qu’il animait. Comme je vous l’ai dit plus haut, je me suis juste permis un petit break pour passer mon CAPEPS.
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Après mon concours, je suis revenu au club de Saint-Pierre. J’étais donc encore 1er Kyu. Lucien n’exerçant plus, avait laissé le club entre les mains d’un pratiquant que je ne connaissais pas à l’époque. Teddy Fontaine était 2ème DAN. Quand je suis revenu au club, c’est lui qui m’a fait progresser techniquement. Il m’a fait tout recommencer depuis le début. J’ai obtenu mon Shodan en 2003, mon Nidan en 2006, mon Sandan en 2010, mon Yondan en 2014 et enfin mon Godan en 2020.
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Je n’ai pas vraiment eu de “sensei” à proprement parler. J’ai bien sûr suivi les quelques cours que Christian Tissier, Bernard Palmier, Arnaud Waltz, Pascal Norbelly, Patrick Benezzi, Bruno Zanotti, Philippe Gouttard, Luc Mathevet (j’en oublie certainement) ont animé lors de leur passages à La Réunion. Tous ces grands techniciens ont participé quelque part à ma progression. Mais c’est quand même Philippe Gouttard qui, venant plus régulièrement à La Réunion, m’a le plus formé. C’est d’ailleurs en découvrant sa pratique que j’ai changé la mienne. Il a su transcender ma vision de la discipline. Nous en reparlerons plus tard.
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J’ai aussi suivi quelques stages d’été animés par Bernard Palmier à Autrans, par Arnaud Waltz à Solre-le-Château et par Philippe Gouttard à Mèze. Aujourd’hui, je ne suis plus que le stage de Philippe Gouttard à Méze. Le stage de Mèze est pour moi un incontournable ! Le niveau global est excellent et la pratique y est généreuse et intensive. Philippe a réussi à faire de ce stage un vrai centre d’apprentissage et d’entrainement ! Certains pourraient dire qu’en aïkido on ne s’entraine pas mais qu’on pratique. À Mèze, clairement, on s’entraine pour mieux pratiquer !
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“Philippe Gouttard gravite dans une autre dimension en Aïkido ! Et j’aime sa pratique. Elle est généreuse, puissante mais plus que tout non traumatisante ! “
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Côté formation, j’ai passé mon BEES1 en 2008 et j’ai obtenu mon DEJEPS par équivalence en 2014.
J’enseigne l’Aïkido depuis l’obtention de mon Shodan, en 2003 donc. Étant professeur d’EPS, le club m’a autorisé à enseigner malgré le fait que je n’avais pas encore de diplôme d’enseignant d’aïkido. J’ai ouvert la première section enfants au club ACSP en 2010. Et j’enseigne régulièrement à tous les publics depuis cette date.
Je suis aujourd’hui DFR de la ligue Réunion, membre du bureau du CTN, membre de l’institut de formation et membre de la commission jeunes fédérale.
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Je n’aurais jamais imaginé être à ma place à l’époque. J’étais loin de toutes préoccupations fédérales mais le temps et la vie m’ont tracé des chemins que j’ai empruntés sans trop réfléchir.
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Tu as entrepris de nombreux travaux et produits des contenus pour l’Aïkido au niveau de ta Ligue : sur le BF, sur l’aïkido jeune…pourrais-tu présenter brièvement ton travail ?
Je ne sais pas si on peut dire de “nombreux travaux” ! Pour moi toute la documentation pédagogique qui existe en Aïkido reste très insuffisante ou trop superficielle.
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J’ai effectivement travaillé sur un livret pédagogique à destination des stagiaires BF et des jeunes enseignants. J’ai aussi produit un livret pédagogique adapté à l’enseignement de l’aïkido pour les enfants. Ces livrets se veulent concrets et pratiques mais ne collent pas du tout avec la pédagogie par objectifs (PPO) tant mise en valeur dans les formations d’enseignants en Aïkido encore aujourd’hui. J’ai plutôt une approche par compétence.
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“Je pense que la PPO n’est clairement pas adaptée à la réalité de l’enseignement de l’Aïkido”
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La PPO reste pour moi utile, bien sûr, car elle permet de formaliser des objectifs de façon claire et non équivoque, mais n’est pas du tout adaptée en termes de méthode pédagogique à l’enseignement de l’Aïkido. Elle est plus adaptée à la formation en entreprise. Pour moi, la PPO est certes un système rationnel qui permet à l’enseignant de construire une programmation et une progression basée sur l’activité de l’apprenant, mais son défaut est que l’approche qu’elle propose est trop spécifique et trop détaillée. Cette approche enferme l’enseignant dans un cadre trop rigide ne permettant pas de toucher toute la subtilité de la pratique. La PPO selon moi rend l’enseignement et l’apprentissage très ou trop rigide. C’est peut-être ce défaut d’enseignement qui fait que l’Aïkido n’est pas aussi attractif que certaines autres disciplines aujourd’hui plus en vogue. L’enseignement doit être plus systémique, plus ouvert, plus dynamique aussi. .
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Les livrets pédagogiques que j’ai produit proposent des référentiels sur lesquels les jeunes enseignants peuvent s’appuyer pour construire leur enseignement et proposer des contenus objectifs adaptés à chaque public. Ces référentiels ne sont cependant pas des vérités absolues. Chaque enseignant peut se créer son référentiel en fonction de son expérience, des caractéristiques de son public, des besoins de ses pratiquants … Disons que mes référentiels sont en quelque sorte des modèles à reproduire et/ou à personnaliser. Certes, la démarche est à acquérir, mais cela pourra faire l’objet d’une prochaine formation d’enseignants et/ou de formateurs. J’y réfléchis ! Il faut avant toute chose que certains acceptent de poser leurs boucliers ! Je me comprends !
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J’ai également réfléchi à l’élaboration de grilles d’évaluation objectives et simples d’utilisation pour les passages de grade DAN. Il m’est insupportable d’utiliser une feuille blanche en guise de grille d’évaluation ! Heureusement, les choses évoluent dans le bon sens aujourd’hui !
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J’ai également participé à l’élaboration du livret Buki Waza disponible en téléchargement sur le site fédéral. Ce livret n’est pas non plus la vérité absolue mais donne des éléments concrets et intéressants pour mettre en œuvre des cours d’armes en club. Il serait bien que les stagiaires BF ou CQP se le procurent. Il y a vraiment beaucoup d’éléments.
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Aujourd’hui je travaille avec mes collègues de l’institut de formation créé à l’initiative du président fédéral, Monsieur Francisco Dias, pour rénover le parcours de formation fédérale et repenser la politique de formation. Les choses avancent et le travail est conséquent. Nous avons notamment rénové le référentiel et les sujets du brevet fédéral qui commençaient à sentir la poussière si j’ose dire.
“Nous avons, et je remercie particulièrement mes collègues Gilles Rettel et Laurent Boudet pour qui la tâche a été ardue, pu obtenir la certification Qualiopi pour l’examen du CQP MAM. Et cela, honnêtement, n’est pas rien !
Nous avons réussi à mieux formaliser les parcours VAE autant pour le CQP que pour le DEJEPS.”
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Nous travaillons également à la rénovation des formations à l’évaluation afin de permettre aux néo-jurys de s’approprier les compétences utiles à l’évaluation des grades DAN et de garantir aux jurys déjà expérimentés une veille réglementaire, une remise à niveau sur certain points et un échange d’expérience avec les néo-jurys.
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Certes il y a encore beaucoup à faire, mais les choses avancent réellement.
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Quelle est la situation de l’aïkido à la Réunion ? Et chez les jeunes ?
La Réunion est une petite ligue. Nous avons environ 188 licenciés répartis dans 8 clubs.
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Le plus gros club est sans nul doute l’ACSP (Aïkido Club de Saint-Pierre) qui compte 74 licenciés soit environ 40% des pratiquants de la ligue.
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Le nombre de licenciés à quelque peu diminué depuis la période Covid mais recommence à augmenter depuis peu.
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Les clubs sont plutôt dynamiques, mais le club de Saint-Pierre porte beaucoup plus de projets pour son développement. La gente féminine est de plus en plus nombreuse et représente environ 30% des effectifs. Ce n’est pas suffisant mais nous y travaillons.
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Seuls 2 clubs ont des sections jeunes et enfants. Le club de Lucien Sylvestre au Tampon compte 35 adhérents de moins de 18 ans dont 32 de moins de 13 ans. Celui de Saint-Pierre compte 35 adhérents de moins 18 ans dont 23 de moins de 13 ans.
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Aussi, la politique de la ligue s’est tournée sur le développement de la pratique des plus jeunes. La ligue a créé un premier pôle jeunes (sorte de pôle espoir) dont l’objectif est de développer les compétences techniques et pédagogiques des jeunes futurs cadres de la ligue. D’ailleurs, nous avons créé un CTR jeunes.
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Comment attirer des jeunes à l’Aïkido ?
Je crois qu’il n’y a pas de solution miracle ! Et je pense que dans beaucoup de clubs en France, il y a plein d’enseignants motivés qui savent très bien faire ça !
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Pour ma part, je considère que la part la plus importante revient à l’enseignant. Il faut être très motivé, être capable de dynamiser son cours, d’apporter de la variété dans les exercices et de donner du sens à ce qui est enseigné. Cela nécessite une grande réflexion didactique en amont afin de construire un enseignement le plus adapté possible aux besoins et motivations de chaque jeune pratiquant. Savoir enseigner, pour qui, comment et pourquoi n’est pas chose aisée.
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Je pense que l’on peut aussi entrer dans la pratique de l’Aïkido en utilisant des supports ou exercices venant d’autres disciplines telles que la lutte, le judo, le karaté ou même la boxe. Ils ont beaucoup à nous apprendre et je crois que de rester enfermé dans un seul monde ne permet pas la variété lorsque l’on s’intéresse à l’enseignement pour les jeunes. La difficulté reste de faire de l’aïkido et non pas un gloubiboulga de pratiques incompréhensibles et non représentatives de la discipline. Il faut simplement utiliser des exercices, se pencher sur les principes (qui sont souvent les mêmes qu’en aïkido) pour revenir très vite à l’apprentissage de l’aïkido lui-même. Et parfois, je vais en heurter plus d’un, ajouter un peu de compétition et/ou de jeux dans l’enseignement de l’aikido avec les jeunes.
Il ne s’agit pas de donner des médailles ou de nommer un vainqueur, il s’agit juste de rentrer dans la discipline en répondant aux différents profils présents sur le tatamis. L’aïkido est très axé sur un but de maîtrise. Cela convient à beaucoup et notamment aux adultes. Certains jeunes sont très axés sur un but de performance, un besoin d’affrontement. Cela peut-être un point d’accroche pour certains jeunes. Mais ça ne doit être qu’un point d’accroche et la finalité reste bien évidemment de les ramener vers un but de maîtrise.
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Et puis, il faut aussi que ça envoie (ce que j’ai vécu plus jeune) !
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Un jeune qui ne transpire pas s’en va chercher la dépense énergétique ailleurs. Un enfant qui ne s’amuse pas s’en va jouer ailleurs.
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Il me semble également que les situations d’apprentissage purement techniques ne sont pas toujours très appropriées. Les jeunes aiment réfléchir, trouver des solutions. Les situations à résolution de problème peuvent amener une autre dynamique dans le cours. Ce n’est pas l’enseignant qui donne la solution mais bien l’apprenant qui découvre, trouve la solution pour résoudre le problème. Et les jeunes sont très créatifs. Il appartient ensuite à l’enseignant de valoriser les trouvailles et de faire travailler les élèves sur les solutions qu’ils ont eux-mêmes trouvé.
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Avec les plus petits, le jeu revêt un intérêt particulier. Mais il ne faut pas proposer de jouer pour jouer ! Le jeu que l’enseignant propose doit être réfléchi et orienté de telle manière que ce sont soit les règles propres à l’aïkido soit les principes liés à la discipline comme l’acceptation du contact, la non opposition, la non utilisation de la force, la disponibilité, le respect de l’autre … que l’élève doit apprendre. L’aïkido peut s’apprendre en jouant. Le jeu est une manière de satisfaire l’imaginaire de l’enfant, sa créativité, sa spontanéité …
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Je pense pense par ailleurs qu’une entrée par des activités psychomotrices peut être intéressante. Découvrir le mouvement, ressentir le mouvement, vivre le mouvement ! Ce sont des choses intéressantes à développer dans un cours enfant. L’éducation motrice fondamentale (EMF), s’apparente à la psychomotricité perceptivo-motrice. Il s’agit avant tout d’une éducation physique adaptée aux caractéristiques physiques et psycho-affectives des enfants de la moyenne enfance (2,5 à 8 ans). L’objectif principal de l’éducation motrice fondamentale est d’amuser et de former par le mouvement. L’enfant a besoin de bouger. Les leçons d’éducation motrice fondamentale doivent être dynamiques. Les activités proposées doivent permettre à l’enfant d’acquérir un répertoire gestuel le plus étendu possible, qui lui sera utile en vue d’apprentissages futurs. J’appelle çà passer d’une motricité fondamentale à une motricité spécifique. Autrement dit en matière de déplacements pour l’aikido enfant, marcher et tourner devient irimi tenkan. Rouler devient ukemi … etc.
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Enfin, il faut donner des repères dans la progression. L’évaluation est un élément essentiel dans l’apprentissage. Il ne s’agit pas simplement d’évaluer des éléments techniques en fin d’année. L’enseignant se doit d’accompagner les progressions en balisant les parcours au travers d’évaluations formatives et/ou formatrices. Tout le contenu enseigné est à évaluer; du comportement et de l’investissement de l’élève à ses réalisations techniques.
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Je pense que les enseignants responsables des cours enfants savent déjà bien faire. J’invite simplement ceux qui n’ont pas de sections jeunes ou enfants dans leurs clubs à se former et à participer aux stages de formation enseignants jeunes pour oser franchir le pas. Finalement, ce n’est pas si difficile que ça en a l’air !
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Te considères-tu comme un professionnel de l’Aïkido ?
Clairement non. J’ai choisi d’être bénévole et je reste bénévole. Mais cela uniquement parce que je peux me le permettre. L’aïkido n’est pas mon métier ! L’aïkido est une passion que j’aime partager. Mon métier c’est enseigner ! Je suis professeur d’éducation physique. Ma passion c’est apprendre et transmettre l’aïkido, et aussi former des cadres. J’aime cet engagement car je trouve valorisant le fait de permettre à d’autres pratiquants de transmettre l’aïkido à leur tour.
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Certes, je ne suis pas un professionnel car toute mon activité en aïkido est bénévole, mais j’agis du mieux possible avec des compétences de professionnel et comme un professionnel. Je sais que je fonctionne un peu à contre courant mais encore une fois, c’est simplement parce que je peux me le permettre.
Ce faisant, je reste libre dans mon activité, pas attaché ou pire encore menotté à une quelconque personne ou institution.
Quant à la reconnaissance, franchement, je n’en ai pas besoin et je ne demande rien à personne.
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Quelle vision portes-tu pour l’aïkido ?
C’est une question bien difficile !
Je ne suis pas pessimiste pour l’Aïkido. Je pense que l’aïkido, de part sa richesse survivra aux crises et aux modes actuelles. C’est une discipline fantastique qui n’existe que pour rendre l’humain un peu plus humain encore.
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Sur le plan éthique, je rêve d’un aïkido libéré des égos des grands “sensei”, d’un aïkido libéré des petites guerres de chapelles minables, d’un aïkido libéré d’un traditionalisme sclérosant, d’un aïkido humain ou l’échange et le partage prévaut par dessus toutes les ambitions personnelles !
“Je rêve d’un aïkido réellement universel et tolérant !”
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J’ai la certitude que Ô Sensei ne dirait pas moins ! Je pense qu’il faut arrêter de glorifier les “sensei”. Cette attitude, pour moi féodale, ne fait qu’alimenter les égos déjà surdimensionnés de ces personnes. Encore une fois, je risque de heurter plus d’une personne. Mais je suis au regret de dire que c’est bien la vérité ! Du moins c’est ma vérité !
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“Sur le plan technique, je rêve d’un aïkido puissant, doux et efficace”
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L’aïkido doit permettre le développement de la personne dans son entièreté (corps, cœur et esprit ou physique, affectif et social, cognitif). C’est en ce sens que l’aïkido doit être efficace ! Tordre des poignets ou luxer des bras n’a aucun sens pour moi ! Et ceux qui vendent l’aïkido comme ça, vendent des chimères selon moi ! Je préfère insister sur les valeurs éducatives et éthiques de l’aïkido. L’intégrité de l’autre et de soi-même reste pour moi l’âme de l’aïkido !
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Je ne parlerai pas de spiritualité. Je laisse chacun libre de gérer sa spiritualité. Pour moi, l’aïkido ne doit pas être dogmatique. c’est tout! Ce n’est malheureusement pas toujours le cas !
D’ailleurs, pour l’anecdote, je ne suis jamais allé au Japon. Ne pouvant voyager que pendant les vacances scolaires, je vous laisse imaginer le prix du billet d’avion ! C’est une raison suffisante pour ne pas aller au Japon quand on vit à La Réunion ! Et puis, je ne me sens pas tout à fait en accord avec certains points d’étiquette dans les dojo. J’adore l’aïkido mais j’ai quelques réticences à respecter des us et coutumes qui ne me conviennent pas en général.
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“Je crois que ce qui m’a en réalité freiné, c’est de voir des professeurs français (ou européens) vouloir être plus japonais que des japonais et instaurer dans les dojo un cérémonial poussé à outrance, qui à mon avis n’existe pas réellement au Japon”
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…ou de voir des professeurs vouloir avoir main mise totale sur leurs élèves, ou encore de voir des élèves perdre tout esprit critique sous prétexte qu’ils doivent respect à leur sempaï.
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Je ne dis cependant pas qu’il ne faut pas respecter l’enseignement de nos aînés et ne pas en être reconnaissant.
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“La reconnaissance est importante, l’allégeance (le mot est peut-être trop fort) ne l’est certainement pas !”
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Et puis, comme on dit si bien dans mon jargon professionnel, ce sont les bons élèves qui font les bons professeurs ! L’inverse n’est pas forcément vrai ! Je suis quelque part ce qu’on pourrait appeler un ronin sauf que je ne suis pas samouraï 😉
Par ailleurs, je n’ai pas de grades Aïkikai. Je souhaite rester libre de toute filiation ! Encore une fois, cela ne signifie pas ne pas reconnaître l’Aïkikaï comme une référence. Cela n’a rien à voir ! Mais je ne souhaite pas participer au “business” des grades Aïkikai. Nous avons la chance en France d’avoir des grades délivrés par l’État. Ceci nous permet de progresser à moindre coût et d’éviter certaines dérives ou dépendance à un “sensei”. Et puis je suis fier de mon grade français. Partout où je vais il est reconnu. Le label Aïkikai ne m’intéresse pas.
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Où peut-on te retrouver ?
Je suis DFR de la ligue Réunion et plus particulièrement enseignant à l’Aïkido Club de Saint-Pierre ! C’est là que l’on peut me retrouver. Sinon, j’aime bien voyager et je suis gratuit. Donc 😉
Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour cette année 2024 ?
Qu’on me souhaite tout le bonheur du monde et que mes pas évitent les bombes ! 😉
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