Cette année, j’ai obtenu mon 1er dan d’aikido (shodan). Derrière cette réussite personne se cache du travail régulier, mais également une réflexion personnelle sur les facteurs de réussite d’un passage de grade, la manière d’organiser ses révisions mais également l”‘après” du passage. Suffisance, frustrations, quête de sens, humilité et détermination sont des états par lesquels les pratiquants passent selon leur réussite ou non à l’examen. Pour comprendre ces larges questionnement, je vous livre ici une réflexion personnelle sur le sujet.

Retour d’expérience sur une année de préparation au shodan

Ce mois de juin, j’ai obtenu mon Shodan (1er dan). J’étais loin d’imaginer que j’arriverais aussi vite à ce grade lorsque je me suis réinscrite à l’aikido à la rentrée 2021. Et pourtant, les choses se sont enchainées sans avoir eu le temps de réaliser ce qui m’arrivait. Voici donc mon retour d’expérience sur une année de préparation au Shodan.
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1/ Préparation au Shodan : la formation accélérée au club de Pantin

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Lorsque je me suis inscrite à Pantin en septembre 2021, je n’étais pas dans une logique de passage de grade. Le contexte de la crise sanitaire avait gelé mes objectifs et ma seule envie était de pratiquer “normalement”. Mais très rapidement, l’objectif de premier dan m’a été proposé, et j’ai accepté de relever le défi. Je me suis engagée à maîtriser la nomenclature technique et être régulière dans ma pratique (3 fois par semaine + stages). De l’autre côté, mon professeur Arthur Frattini m’a transmis sa connaissance des exigences d’un jury, l’étiquette à respecter ainsi que plus de précisions dans mes techniques.
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2/ Shodan : la fin d’un cycle et le début d’un nouveau

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J’ai obtenu mon premier dan en juin 2022, 5 ans après avoir commencé l’aïkido.Mais qu’est-ce que signifie réellement l’obtention de ce grade ? Une ceinture noire, certes, mais est-ce suffisant pour maitriser un art martial ? La question est évidemment rhétorique. Le shodan est pour moi l’acquisition des premières aptitudes martiales et la maîtrise de la nomenclature technique. Mais la dextérité n’est pas encore au rendez-vous.
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3/ Un temps incompressible pour avancer dans la progression technique

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Il y a deux ans, j’ai raté mon premier kyu. Je maîtrisais toute la nomenclature sur un plan théorique mais je n’avais ni la martialité ni les postures adéquates. Aujourd’hui, j’ai obtenu mon shodan, mais le visionnage de mon passage m’a permis de voir que la marche pour le prochain grade était encore haute. Les formes de corps, la verticalité, l’efficacité technique ainsi que l’acceptation du déséquilibre demandent des années pour être intégrées par notre corps.
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Conclusion : un regard critique sur soi-même qui invite à continuer et ne pas se reposer sur ses lauriers
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L’aïkido est un art martial dont la progression est infinie. Prendre connaissance de son ignorance ou de ses limites est un défi qui nous pousse à continuer notre pratique en vue de la réalisation d’objectifs personnels. Si le Shodan était un objectif pour moi, je réalise qu’il n’est plus un accomplissement en soi.
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Aujourd’hui, je vise à améliorer mon rôle d’uke, mais également mes postures en tant que pratiquante. J’ai également pris conscience que ce travail me permettrait d’être plus efficace techniquement et de ressentir plus de plaisir dans ma pratique au quotidien. Le nidan sera pour moi le prochain grade qui confirmera la maîtrise de ces acquis. Le chemin est encore long, la patience sera mon alliée, le lâcher-prise mon fil directeur, et le plaisir mon moteur.
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Cinq conseils pour bien préparer son passage de grade

Le passage de grade est une épreuve à laquelle il faut se préparer. Au-delà de la pratique, il est important de maîtriser les codes et les attentes de l’examen pour réussir à le valider. Ayant été bien conseillée, voici mon retour d’expérience avec 5 conseils pour bien préparer son passage de grade.

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1/ Connaître les erreurs éliminatoires

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Comme pour le permis de conduire, il faut être très vigilant sur les fautes qui ne pardonnent pas. Au permis, manquer une priorité à droite peut être rédhibitoire. Au passage de grade, saisir ou agripper le bras de uke peut l’être également.
Sécher sur une technique, subir une attaque en restant figé sont d’autres erreurs qu’il vaut mieux éviter pour réussir son examen.
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2/ Passer plus du temps à perfectionner le bon, et limiter la casse sur les points qui nous font défaut

On ne peut pas être bon partout, c’est un fait. En aïkido, il est important d’être conscient des techniques ou déplacements qui peuvent nous faire briller mais également de ceux qui peuvent nous être fatal.
Pour ma part, j’ai décidé de consolider mes kihon waza car j’étais sûre d’être évaluée dessus. En revanche, j’ai assuré le minimum pour la pratique du jo nage, qui est mon point de faiblesse, et que je ne pouvais pas révolutionner en quelques semaines.

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3/ Maîtriser un répertoire de 4 à 6 techniques sur des attaques ou saisies «classiques»  (selon le grade préparé)

Personne n’échappe au juwaza (technique libre sur attaque imposée). Par conséquent, il faut être capable de placer avec entrée adaptée, 4 à 6 techniques sur des attaques de type Shomen, Chudan (au premier dan) ou Yokomen, Jodan (pour grades plus élevés).
L’important est de ne jamais se faire surprendre pour ne pas subir l’attaque.
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4/ Faire une bonne impression en suwari waza

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Le suwari waza est la première étape d’évaluation du passage de grade. Nous ne sommes pas tous égaux face à la mobilité sur les genoux (prévenir l’examinateur en amont si difficulté à se déplacer), mais il reste important de donner une bonne première impression. Ne pas agripper, faire des coupes franches, être mobile seront des aptitudes évaluées par le jury
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5/ Être un bon uke volontaire et engagé

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Le rôle de uke n’est pas clairement évalué. En revanche, il est observé.
Etre un bon uke pour un passage de grade, c’est d’abord se porter volontaire. Etre un bon uke, c’est aussi s’engager : dans l’attaque mais également dans le déséquilibre. Etre un bon uke ne permet pas de rattraper un passage mais peut y contribuer.
Voici donc mon retour d’expérience personnel sur l’examen des passages de grade. Evidemment, ces conseils ne sont pas exhaustifs et ne dispensent aucunement d’une bonne préparation. N’oubliez pas, la clé de la réussite d’un passage de grade, c’est 50% d’investissement de l’élève, et 50% de son professeur.
Gambate !
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Passage de grade : les pages à suivre pour réviser en ligne

J’ai récemment publié des contenus sur mon retour d’expérience de passage de grade. Au delà de mon assiduité sur les tatamis, j’ai également révisé grâce à des vidéos visionnées en ligne. J’aimerais faire un court post pour valoriser les chaines Youtube qui m’ont aidées à réviser (avec les formes demandées par ma fédération, la FFAAA) à l’occasion de ces passages de grade.

J’ai donc régulièrement visionné les chaines suivantes : 
François Pichereau (qui a également été membre de mon jury) : François a réalisé un travail exceptionnel de reproduction d’un très large éventail de techniques en suwari waza, hanmi handachi waza, tachi waza armes (jo, ken, tanto…), montrant plusieurs formes mais également adaptées à tout niveau. Ses vidéos ont été ma principale révision lors des passages de grade Dan (mais également des kyus par le passé). Les deux passages en statique et en dynamique permettent de bien visualiser les techniques.
Christian Tissier : les vidéos du DVD sont aujourd’hui en ligne et permettent grâce à une vitesse ralentie et normale de pouvoir réviser un grand nombre de kihon waza.
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En dehors de ces références, d’autres clubs et enseignants ont diffusé des contenus aidant les élèves à réviser. Parmi eux :
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Paul Muller (FFAAA)
Le club ACC (FFAAA)
Greg Habert (FFAB)
– Le Codep 93 Aikido, pour la diffusion de passages de grade entiers (FFAB)
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Certes, un travail a déjà été réalisé pour aider les candidats à réviser, mais il faut continuer sur cette bonne voie !
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D’abord, parce que tout le répertoire de techniques n’a pas été réalisé en ligne.
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Ensuite, parce qu’il est important pour les élèves d’avoir des références solides avec des formes “homologuées” par la fédération dont ils dépendent (regarder des vidéos dont on ne connaît pas la provenance peut être risqué pour un passage de grade)
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Enfin, car plus les contenus seront nombreux, plus les élèves auront des références et de la matière pour réviser de manière autonome.
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A nous de jouer !
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Conclusion : des pistes de réflexion à garder en tête

Les passages de grades sont un rite initiatique invitant à se plier aux règles d’un examen normé. Mais ces normes pourraient elle-même évoluer dans un objectif d’amélioration continue. Dans ce contexte, il pourrait être intéressant de filmer systématiquement tous les candidats pour leur restituer une vidéo de leur passage, tout comme les feuilles de notation du jury, que les candidats n’ont pas le droit de réclamer. Il pourrait également être intéressant de développer un système d’évaluation continue pour ne pas faire reposer toute la pression sur un examen final. Sur le plan logistique, l’organisation des sessions de passages de grade pourrait être repensée pour limiter l’attente sur les tatamis pendant des heures. Entendez-bien qu’il ne s’agit pas de critiquer pour critiquer, mais d’amener une réflexion personnelle pour prendre plus de hauteur sur cet examen déterminant dans l’évolution de la pratique des aikidokas.
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