L’aikido est une discipline martiale singulière : sans compétition, elle comprend des vertus sur le plan physique, mental et social. En aikido, la progression n’est ainsi possible qu’au contact de l’autre. C’est pourquoi, pour évoluer dans sa pratique, il est essentiel de s’engager et de se connecter à notre partenaire. Cette connexion permet d’instaurer un cadre bienveillant sur les tatamis, mais également hors du dojo. C’est sur cette base de coopération que les pratiquants développeront des aptitudes utiles sur les tatamis mais également hors du dojo.

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1/ L’aikido : un art martial dont l’application s’étend au delà des tatamis

En parcourant le web, on trouvera des centaines d’articles sur l’efficacité de l’aikido. Le sujet fait effectivement débat. D’un point de vue extérieur, on y voit des chutes spectaculaires, des déplacements aériens, ainsi qu’une tenue folklorique. D’un point de vue d’un néo-pratiquant, on retient, des noms de techniques complexes, des déplacements codifiés et des postures contre-intuitives.
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Rajoutez à cela, la dimension spirituelle et énergétique, et vous en aurez perdu plus d’un. Et pourtant, lorsqu’on s’accroche, on prend conscience de toute l’efficacité opérationnelle de cette discipline martiale.
Car derrière les paillettes et les fioritures réside une philosophie et une technique adaptable et applicable hors des tatamis.
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Voici donc 3 éléments rendant l’aikido opérationnel au quotidien :
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Une discipline qui permet de neutraliser sans être réprimandé


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L’aikido que nous pratiquons aujourd’hui porte l’étiquette “non violent” car il permet de se sortir d’une situation physiquement conflictuelle par des mouvements neutralisant, sans frappe. C’est pour cette raison que les techniques d’immobilisation des forces de l’ordre sont inspirées de cet art martial. Les immobilisations et les torsions articulaires réalisées en réaction à une attaque permettent ainsi de contrôler un danger sans pour autant porter atteinte à l’intégrité physique de cette même menace.
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Une discipline qui rend plus confiant au quotidien


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Pratiquer l’aikido régulièrement nous permet de vivre des frappes et des saisies, mais également de travailler des entrées adaptées pour s’en défaire. Ce travail nous invite à développer nos capacités d’anticipation, de réactivité et d’adaptation. Acquérir ces nouvelles aptitudes ne fera pas de nous un ninja hors du dojo mais nous permettra tout de même d’adopter de bons réflexes en cas d’agression. Cela nous permet d’être plus confiant et de dégager plus d’assurance dans notre démarche.
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Une discipline qui apprend à adapter ses techniques à “la vraie vie”


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L’aikido est une discipline favorisant des mouvements amples et des spirales (je caricature un peu). Dans un espace restreint, et face à un attaquant
ne pratiquant pas la discipline, il est inutile d’essayer de reproduire ces mouvements. Pour que les mouvements soient efficaces “dans le métro”, il est nécessaire de les écourter et de les adapter. On pourra ainsi appliquer (avec un certain niveau certes) des formes plus directes de techniques présentées au dojo, sans tenkans et sans chutes enlevées.
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L’aikido peut etre un discipline martiale efficace dans une situation réelle. Mais à condition d’avoir développé un certain niveau de pratique permettant de prendre du recul sur les apprentissages du dojo. Par ailleurs, l’aikido est adapté à nos sociétés réprimandant la violence, car il préserve dans sa pratique, l’intégrité physique de l’autre, et dans son éthique, opère de manière défensive, et non offensive. Et pourtant, l’aikido ne parle pas assez au grand public, demandeur d’efficacité dans la martialité. A nous de mieux communiquer sur les vertus de notre belle discipline pour en assurer sa pérennité.
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2/ L’aikido : un art martial structurant sur le plan physique, social et moral 

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On me demande souvent ce que m’apporte l’aikido au quotidien. Au delà de l’aspect technique et martial, je dirais que l’aikido est une discipline structurante à plusieurs niveaux. Il permet ainsi de trouver un équilibre émotionnel, physique et social au quotidien. Voici donc les 5 points rendant l’aikido structurant dans la vie d’un pratiquant.
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Le respect de l’étiquette


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L’aikido est une discipline martiale codifiée comprenant des règles de conduite. Le salut au fondateur, à son enseignant et à ses partenaires avant la pratique invite au respect mutuel. La posture à adopter sur le tatami, notamment en position assise prolongée, est elle aussi gage de discipline : le pratiquant doit ainsi adopter une position seiza (à genoux) ou croiser ses jambes en tailleur. Cette exigence de verticalité dans la posture du pratiquant est l’illustration d’un code de bonne conduite dans le dojo. De même, l’invitation à rester silencieux pendant la pratique est un gage de concentration, et de respect.
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La préparation du corps

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Il n’y a pas de pré-requis physiques à la pratique de l’aikido. C’est pourquoi il est important d’échauffer et préparer son corps à la pratique collective. Un bon échauffement englobe une partie de cardio, un travail de respiration, et des étirements articulaires. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas une grande fan des longs échauffements, néanmoins, je reconnais qu’il permet de stimuler son corps sur différents niveaux afin de le préparer à une pratique engageant le corps et l’esprit. Lorsqu’il se connaît mieux, le pratiquant peut adapter la préparation physique à ses besoins spécifiques.

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La régularité (l’assiduité)

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Pour progresser, il faut pratiquer régulièrement. Pour cela, un travail d’auto-discipline est essentiel. L’aikido est un loisir, par conséquent, personne n’ira contrôler votre présence. En revanche, l’autodiscipline vous permettra d’être assidu, de monter en niveau et d’avancer dans la voie du budo. Les pratiquants passant des grades se plient ainsi à ce travail de révision, mais également d’assiduité.
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La connaissance et le dépassement de soi

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L’aikido est une discipline martiale structurante car elle permet de gagner confiance en soi, et ainsi de réaliser des prouesses physiques que l’on n’aurait cru pensable auparavant. Travail à genoux, grandes chutes, chutes ponctées, toutes ces parades nous permettent d’accueillir des contraintes physiques et d’en minimiser l’inconfort et la douleur. L’aikido nous permet ainsi de lever petit à petit nos appréhensions, en faisant confiance à l’autre, et en nous faisant confiance. C’est la répétition, qui permet ainsi l’abandon.
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Les interactions sociales


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L’aikido est une pratique collective. Par conséquent, elle devient une discipline sociale nous invitant à pratiquer avec tous les partenaires présents sur les tatamis, quelque soit leur niveau, leur milieu social, leur âge ou leur gabarit. Cette “obligation” de cohabitation dans le cadre d’un budo nous invite à rester courtois, nous adapter à l’autre, préserver son intégrité physique, et même tisser des liens hors des tatamis.
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3/ Aïkido : on progresse quand on donne aux autres 

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Depuis quelques semaines, j’ai senti un changement dans mon aikido. Et ce changement est surtout intérieur.
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J’ai en effet envie de m’engager plus, à la fois pour moi mais également pour mon partenaire.
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Concrètement, cela passe par :
– des saisies plus “présentes” et des attaques plus “franches”
– une acceptation des déséquilibres malgré les appréhensions
– une acceptation de postures inconfortables en tant que uke
– une envie de plus faire suer mon corps que mon cerveau
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Ce changement intervient après une prise de conscience : n’aimant pas les saisies “molles” (tout comme les poignées de main molles dans la vie quotidienne), j’ai décidé d’être présente à chaque moment de ma rencontre avec mon partenaire sur le tatami.
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Cette prise de conscience est le franchissement d’un nouveau palier. Après le travail de mémorisation technique réalisé l’an passé pour la révision de mon Shodan, cette année est consacrée à l’investissement dans mon rôle de uke. 
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L’aïkido est une discipline qui se pratique au contact physique et mental de son partenaire. Pratiquer sans donner, c’est passer à côté d’une rencontre. 
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Bien sûr, lorsqu’on débute, il n’est pas évident de rester présent. L’aïkido n’est pas une pratique intuitive, et la mémorisation des techniques remplit amplement l’esprit.
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Mais une fois la nomenclature maîtrisée, il est temps de lever le nez du guidon pour prendre de la hauteur, ou tout simplement pour regarder devant nous. C’est d’ailleurs là qu’est notre partenaire.
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Conclusion

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L’aikido est une discipline riche à divers niveaux : elle remplit ainsi des besoins physiques, sociaux et apporte un cadre dans un espace, le dojo. Les valeurs et enseignements du dojo peuvent ensuite être déclinés hors du tatami. Si l’objectif initial de l’aikido est de rendre le monde meilleur, la pratique quotidienne nous invite à devenir la meilleure version de nous-même.
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Yéza Lucas, auteur du blog Aikido-millennials et coach professionnelle, 

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