L’aïkido est un art martial méconnu : son nom résonne pour beaucoup, mais peu s’en font une représentation juste. Réduit à la pratique du bâton (le Jo) ou confondu avec le judo, l’aïkido a du mal à trouver une visibilité auprès du grand public.
Et pour cause, l’aïkido est un art martial peu médiatisé auprès du grand public : non compétitif, non sponsorisé, il ne fait pas la une des chaînes de télévision sportive et sa discrétion dans la culture populaire accentue la méconnaissance de la discipline.
Ajoutons à cela, un message qui mériterait d’être rafraîchi pour mieux répondre aux attentes d’un public plus jeune, et aujourd’hui quasi absent sur les tatamis.
Mais au-delà de ce tableau qui pourrait sembler pessimiste aux premiers abords, l’aïkido est un art martial qui a tout pour séduire un large public. C’est pourquoi il gagnerait à être plus visible et mieux compris.
Concrètement, voici 7 raisons qui pourraient séduire le grand public et l’inviter à pratiquer l’aïkido aujourd’hui.
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1/ Des valeurs qui s’incarnent sur le tatami et dans la vie quotidienne
L’aïkido est un art martial qui véhicule des valeurs dans lesquelles se retrouvent le grand public et particulièrement les plus jeunes :
- le développement de la confiance en soi, en pratiquant une discipline martiale,
- la non-violence en proposant des solutions qui permettent de neutraliser un partenaire tout en préservant son intégrité physique
- le vivre ensemble, grâce à une pratique intergénérationnelle,
- l’adaptation, en composant avec des situations improvisées et des partenaires qui ne réagissent pas toujours comme on le voudrait
- la rigueur, grâce à un cadre qui nous impose une discipline personnelle (travail de renforcement musculaire et d’entretien physique) et collective (respect de règles d’hygiène au dojo, attitude respectant les codes de conduite, le shisei)
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2/ Un art martial stimulant sur le plan physique, spirituel et cognitif
Shin Gi Tai. Les 3 piliers sur lesquels s’appuie l’aïkido, respectivement, l’esprit, la technique, et le corps.
La dimension spirituelle (Shin) de l’aïkido est un atout non négociable plaidant en faveur de la discipline : c’est une réelle méditation en mouvement qui se pratique collectivement, en recherchant l’harmonie et la coordination avec son partenaire.
Cette dimension spirituelle fait tendre vers une meilleure maîtrise de soi au quotidien.
L’aïkido propose également un véritable travail de stimulation de la mémoire (Gi) : la mémorisation de l’ensemble des techniques d’une nomenclature complexe demande une forte rigueur dans l’apprentissage.
Enfin, l’aïkido permet de développer des aptitudes physiques (Tai): la souplesse, de bonnes postures dorsales, un bon ancrage au sol, un travail de coordination du geste et de la respiration mais également une amélioration de l’endurance physique. Ces aptitudes sont essentielles à la pratique mais permettent également de limiter les douleurs musculaires et articulaires hors du dojo. L’aïkido contribue en somme, à une amélioration de l’ergonomie de notre corps pour s’économiser au quotidien.
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3/ Un art martial challengeant, sans compétition
En aïkido, la compétition telle qu’on la connaît habituellement dans d’autres budos n’existe pas. Pourtant, le challenge est ailleurs car “la vraie victoire est la victoire sur soi”, comme le dit si bien Morihei Ueshiba, le fondateur de l’aïkido !
L’évolution en aïkido passe par la progression technique (passages de grades) mais également la progression personnelle. Cette progression matérialise un double changement intérieur (lâcher-prise) et extérieur (disponibilité physique et réceptivité pour être agile dans sa pratique).
Si la progression par les grades rencontre un plafond, la progression personnelle, elle, ne connaît pas de limites en aïkido. Cette dernière peut durer toute une vie.
Par ailleurs, l’absence de compétition est une chance pour les pratiquants, qui, dans ce cadre, ne voient plus l’autre comme un ennemi, mais comme un partenaire. Ce regard sur la notion d’ennemi est extrêmement utile dans les relations interpersonnelles sur les tatamis, mais également dans la sphère professionnelle, où le concurrent n’est plus vu comme une menace, mais comme un pair. La fin du concept d’ennemi ou d’adversaire modifie profondément les rapports humains rendant ainsi les relations plus saines et apaisées sur les tatamis, mais également dans la vie quotidienne !
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4/ Une pratique riche de par la diversité technique qu’elle propose
L’aïkido est une discipline qui peut se pratiquer debout (tachi waza), debout et à genoux (hanmi handachi waza), ou à genoux (suwari waza). On peut pratiquer avec un ou plusieurs partenaires (randori).
De plus, on peut pratiquer à main nue, mais également avec des armes : le bokken (le sabre), le jo (le fameux bâton) et le tanto (le couteau).
Rajoutez à cela les différentes combinaisons possibles entre armes et main nue, mais également différentes armes les unes contre les autres, et vous êtes sûr de ne pas vous ennuyer !
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5/ Un art martial efficace, à adapter en situation réelle
L’efficacité existe bel et bien en aïkido même s’il ne s’agit pas d’une pratique de self-défense comme on pourrait le voir dans d’autres disciplines. La plupart des mouvements utilisés par les forces de l’ordre ont été piochés dans son répertoire.
Les techniques sont certes le résultat d’une pratique ancestrale au sabre, mais il est tout à fait possible d’écourter les mouvements et de les adapter en situation réelle, pour les rendre plus efficaces.
Clés de bras, immobilisations, attaques au couteau, mais également la capacité à se réceptionner grâce aux chutes, sont des aptitudes martiales qui demeurent profondément utiles et efficaces en situation d’attaque réelle.
Prenons un exemple d’aïkido adapté en situation de combat : dans le film Oss 117 : Le Caire, nid d’espions, on observe une scène où Jean Dujardin dévie une attaque au couteau, en adaptant une technique d’aïkido (gokyo).
Autre exemple d’un aïkido appliqué à une situation de réflexion stratégique : dans la célèbre série télévisée “La casa de papel”, il est fait mention de l’aïkido lorsque le groupe de braqueurs cherche à retourner la force de son adversaire contre lui-même, une métaphore souvent utilisée pour expliquer l’impact de l’aïkido dans une relation conflictuelle.
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6/ Des techniques pour tout gabarit et tout âge
L’aïkido est un art martial pour tous : grands, petits, musclé ou fin, poids lourd ou poids plume, homme ou femme, vieux ou jeune, tout le monde y trouvera son compte !
N’oublions pas que Morihei Ueshiba, le fondateur de l’aïkido, ne mesurait que 1m56 !
Concrètement, il existe des techniques faites pour les petits gabarits (shiho-nage par exemple) et pour les grands gabarits (Kubi-shime par exemple).
En dehors des techniques, l’aïkido est une merveilleuse façon d’adapter sa pratique au physique de notre partenaire. Descendre sur ses appuis, renforcer la saisie, ou au contraire, lâcher du lest, seront des aptitudes à adopter et adapter pour ne pas heurter l’intégrité physique de son partenaire.
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7/ Une discipline universelle que l’on peut pratiquer partout dans le monde
L’aïkido est une un art martial universel. Si la compétition n’existe pas, les dojos, eux, sont là.
Depuis que je pratique l’aïkido, j’ai toujours été accueillie dans des dojos de divers territoires de France, mais également à l’étranger (Europe et Amérique latine pour ma part).
La pratique diffère selon les écoles, mais l’esprit de bienveillance (travailler avec tout le monde), ainsi que le partage des valeurs de l’aïkido, dont la recherche d’harmonie dans le travail avec son partenaire, favorisent le vivre-ensemble et l’ouverture. C’est cet état d’esprit qui confère à la discipline son universalité.
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Conclusion
Au-delà du plaidoyer en faveur de la discipline, cet article a pour but de renforcer les liens entre la pratique de l’aïkido et les besoins et aspirations du grand public, dans son quotidien.
Sauver le monde, favoriser la mixité sociale, favoriser le vivre ensemble, chacun peut avoir sa vision personnelle de l’aïkido, mais ce qui compte, c’est que l’imaginaire que véhicule la discipline soit suffisamment inspirant, pour permettre au plus grand nombre, de franchir le seuil de la porte du dojo. Alors, si vous êtes encore là, Onegaishimasu, comme on le dit ! Je vous invite à pratiquer ensemble !
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Yéza Lucas, auteur du blog Aikido-millennials et coach professionnelle,