Il existe de grandes disparités territoriales entre les clubs d’aikido. Ces différentes notoires touchent le nombre d’élèves, leur âge mais également leur niveau. Comment expliquer ce constat ? Peut-on remédier à ce déséquilibre ? Voici donc une réflexion personnelle nourrie d’échanges avec des enseignants (Stéphane Blanchet et Arthur Frattini pour ne pas les citer).
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1/ L’importance de la notoriété de l’enseignant
Parmi les éléments pouvant expliquer l’attrait pour un club, l’enseignant peut être un élément non négligeable.
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Lorsque la concurrence est réelle sur un territoire, les élèves peuvent choisir leur club. Dans ce contexte, la notoriété de l’enseignant peut jouer. On prêtera particulièrement attention à :
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– Son grade (4e dan, 5e dan, plus haut gradé ?)
– Son parcours et son réseau (donne-t-il beaucoup de stage ? Se fait-il connaître au-delà de son club ?)
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– Sa pédagogie (adapte-t-il son enseignement à un public de débutant ?)
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– Sa communication (rend-t-il son club visible et attractif ?)
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– Son ancienneté dans le club : est-il l’enseignant historique ?
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Mais la notoriété de l’enseignant ne suffit pas à expliquer les disparités entre clubs. En effet, l’aïkido n’a pas bénéficié du même ancrage territorial pour les clubs.
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2/ Un ancrage territorial inégalitaire de l’aïkido à prendre en considération
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Depuis combien de temps le club est-il présent sur la commune ?
Existe-t-il une concurrence locale au niveau de l’aïkido ?
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Ces questions sont à prendre en considération lorsqu’on développe une réflexion sur les disparités territoriales des clubs d’aïkido.
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Par ailleurs, quel est le public présent sur le territoire ?
Le club touche-t-il un public familial ? De cadres dynamiques ? D’étudiants ?
Les dés sont lancés dès le départ et le club hérite d’une population qu’il ne choisit pas toujours.
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S’ajoute à cela la question des créneaux :
Le club propose-t-il des créneaux le midi ? Tard le soir ?
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Cette donnée va également influencer le public présent.
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On trouve par exemple, moins de femmes à des heures tardives (sans faire de généralités).
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Enfin, le club est-il privé ? Municipal ?
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La question du tarif sélectionne également le public présent.
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Une inscription à 500/600 euros l’année ne mobilise pas le même public qu’une inscription à 250 euros l’année.
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3/ Au-delà de l’héritage territorial, comment un enseignant peut-il créer sa tribu d’élèves ?
Les données sociales et géographiques mentionnées précédemment peuvent expliquer les disparités territoriales entre les clubs. Toutefois, il n’est pas question d’être fataliste. Le club peut en effet activer des leviers pour mobiliser ses élèves.
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Voici quelques éléments qui peuvent y contribuer :
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– Fédérer les adhérents en créant une culture de club : rites initiatiques, vie de club en dehors des tatamis, ambiance conviviale etc…
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– Accompagner les élèves jusqu’à un certain niveau de maturité : les élèves qui suivent leur enseignants en stage sont souvent ceux dont la maturité de pratique est la plus élevée. Plus l’enseignant accompagne ses élèves dans leur progression, plus vite ce niveau sera atteint. Bien sûr, il s’agit là d’un pari de moyen terme et d’une capacité à s’investir dans la progression de l’élève.
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– Responsabiliser les sempais, en leur permettant de prendre en charge les débutants dans leurs débuts sur les tatamis et trouver leur marque dans le club, en leur apprenant le reishiki et en les aidant dans leur progression technique.
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– Faire intervenir des enseignants attractifs pour mobiliser les élèves autour d’un haut gradé ou d’un enseignement complémentaire à ce qu’ils ont l’habitude de suivre. Cette démarche répétée peut ainsi attirer également des élèves extérieurs au club et fait ainsi connaître le club. A titre d’exemple, le club d’Ivry-la- Bataille applique cette stratégie à merveille en intégrant des stages d’intervenant externe tout au long de l’année dans son agenda, mais n’est pas le seul.
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– Proposer des facilités logistiques pour aider les élèves à suivre leur enseignant en stage dans une autre ville (covoiturage par exemple). Anticiper, communiquer permet ainsi de mobiliser ses élèves en dehors de leur propre dojo. Un groupe whatsapp interne au club peut contribuer à l’organisation logistique de ces déplacements.
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– Organiser des événements locaux ou s’y greffer pour donner de la visibilité à son club à l’occasion d’une démonstration d’aïkido. A titre d’exemple, le club de Pantin a organisé cette année un festival japonais mettant en valeur les arts martiaux dont l’aïkido. L’an dernier, le festival japonais de Brétigny sur Orge était couplé à un stage d’aïkido.
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– Lancer des offres commerciales ciblées à destination des publics à recruter : s’aligner sur le calendrier national pour proposer des offres de rentrée pour les étudiants, de Noël pour les jeunes ou encore du mois de la femme pour attirer un public féminin.
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Conclusion :
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La capacité à mobiliser les élèves ne dépend pas uniquement de l’enseignant. Des paramètres géographiques et sociaux jouent également sur la nature et par conséquent, l’implication des adhérents. Toutefois, rien n’est irrémédiable. Une communication de long terme peut changer la donne en mobilisant des publics statistiquement hors de la zone d’influence des clubs.
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Bien sûr, cela demande une implication régulière du club pour mobiliser des adhérents, et une capacité de résilience lorsque les résultats tardent encore à venir.
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