Devenir un professionnel d’aïkido est un projet ambitieux qui fait fantasmer plus d’un pratiquant. Certains y voient un rêve illusoire, d’autres une véritable vocation. Si le chemin vers la professionnalisation semble parsemé d’embûches, la voie n’est pas pour autant fermée. Dans cet article, j’aimerais passer au crible les différentes étapes de la professionnalisation d’un enseignant d’aïkido. Ces étapes sont la restitution d’échanges avec des professionnels de l’aïkido, ainsi qu’une réflexion personnelle sur le sujet.
1/ Obtenir un diplôme d’enseignant permettant de développer un chiffre d’affaires conséquent
La première étape de la professionnalisation en aikido est l’enseignement. Pour cela, des diplômes sont requis.
Parmi eux, on peut compter :
- Le Brevet Fédéral (BF) , une certification fédérale propre à l’aïkido permettant d’enseigner à titre bénévole
- Le CQP, un diplôme de niveau Baccalauréat, reconnu par l’Etat permettant d’enseigner sur un nombre d’heures limité et d’être rémunéré (avec une certaine tolérance)
- Le DE JEPS, un diplôme de niveau Bac + 2 permettant de former des enseignants (Le DE JEPS Aikido seulement accessible sur VAE)
- Le DES JEPS un diplôme de niveau Bac + 4, permettant de former des formateurs (sur VAE uniquement, mais très difficile d’accès)
En fonction de vos ambitions professionnelles, vous pouvez choisir le diplôme le plus adéquat.
2/ Développer son expertise et sa visibilité sur le terrain en sortant de son club
Pour passer d’enseignant amateur à professionnel, développer son expertise et sa notoriété est une étape essentielle. Elle implique de sortir de sa zone de confort pour proposer de l’animation de cours et stages dans d’autres clubs.
Dans un premier temps, ces animations peuvent se faire à titre gracieux, le temps de développer une certaine expertise et une visibilité locale.
Ces opportunités d’animation de cours et stages sont facilitées par le développement de son réseau, à l’occasion de stages et rencontres entre aikidokas. Comme dans tout milieu professionnel, le réseautage et le bouche à oreille ne sont pas à négliger car il est plus facile d’intervenir auprès d’un club qui vous connaît dans un premier temps.
3/ Développer sa visibilité et sa notoriété en ligne pour toucher un plus large public
Pour se faire connaître au-delà de son réseau, la construction d’une présence en ligne est essentielle. Pour cela, créer un site web, être actif sur les réseaux sociaux et travailler son référencement naturel sont des étapes indispensables.
En 2022, il est impossible de faire abstraction de ces canaux qui sont une puissante ressource pour se saisir d’opportunités professionnelles.
Si vous ne maîtrisez pas le web et les réseaux sociaux, je vous invite à lire mes articles sur le sujet ou vous former sur le sujet.
4/ Définir sa structure et son modèle économique
Lorsque vous avez commencé à proposer des animations de cours et de stage, et que l’on commence à vous rémunérer pour vos interventions, il faudra vous demander comment facturer ces prestations. En sommes, quelle structure va vous permettre de développer une activité professionnelle en tant qu’aikidoka ?
C’est dans ce cadre que se pose la question du modèle économique de votre activité :
- Quel type de prestation allez-vous proposer ?
- A quelle fréquence allez-vous proposer ces prestations ?
- Quel chiffre d’affaires prévoyez-vous ?
- Quelle structure juridique est la plus adaptée à votre activité ?
- Allez-vous monter votre propre club ?
- Allez-vous opter pour un dojo municipal ou privé ?
- Voulez-vous bénéficier d’une sécurité sociale ou d’un chômage en cas d’absence de revenus ?
- Avez-vous besoin de fiches de paie ?
La réponse à ces questions vous permettra de définir si le statut de micro-entrepreneur est le plus adapté à votre activité ou si vous pencher vers une structure associative.
Échanger avec des professionnels de l’aïkido en activité, mais également des cabinets d’expertise comptable ou assimilé vous permettra de prendre la meilleure décision pour votre activité.
5/ Proposer des prestations rémunérées
Une fois votre structure établie et votre notoriété construite, vous allez pouvoir proposer des prestations rémunérées.
Vous pouvez commencer par organiser des stages et proposer des cours particuliers pour des prestations payées à l’heure ou à la demi-journée. Pour les stages, c’est à vous de négocier vos tarifs avec le club partenaire en prenant en compte votre expertise ainsi que les tarifs en vigueur. Vous allez également décider avec le club si vous récupérer la caisse ou si le club se rémunère avec cette dernière.
En parallèle des stages, vous pouvez également organiser des formations à destination d’un public d’aikidoka (formation démonstration, formation pour développer son club…) ou d’entreprise (adapter les principes de l’aïkido au monde de l’entreprise par exemple).
Le travail de développement de votre notoriété réalisé en amont vous permettra d’asseoir votre expertise et d’inspirer confiance auprès d’un nouveau public.
6/ Construire une vision personnelle pour la discipline
Pour devenir un professionnel de renom, il est important de construire une vision personnelle ainsi qu’une réflexion sur la discipline. Bien sûr, cela n’est pas obligatoire, mais reste intéressant pour se positionner et devenir une référence dans un écosystème restreint. Il est important de prendre position et affirmer sa voix pour laisser une trace de votre carrière d’aikidoka professionnel.
Pour cela, on s’intéressera à plusieurs éléments :
– Votre capacité à développer des projets en lien avec l’aïkido : des stages enfants, des événements festifs, des démonstrations, des partenariats, des projets d’insertion sociale et professionnelle….
– Votre capacité à inscrire votre professionnalisation dans une réflexion : quelle est votre vision de l’aïkido ? Comment voyez-vous son développement dans les années à venir ?
Pensez-vous à poser et partager le fruit de votre réflexion, par le biais d’un ouvrage ? D’un documentaire ?
– Vos engagements et prises de position personnelle : allez-vous vous engager sur le plan politique et fédéral ? Pensez-vous que c’est en intégrant la machine fédérale que vous pourrez au mieux asseoir vos idées ? Allez-vous prendre le risque de vous faire des ennemis en affirmant le fond de votre pensée ? Si les prises de décisions tranchées ne sont pas sans risques, elles relèvent toutefois d’un certain courage politique qui ancre votre engagement et votre expertise dans la voie de la professionnalisation.
Conclusion :
La professionnalisation de l’aïkido n’est pas un rêve inaccessible. Elle est possible, à condition de prendre le temps de construire une expertise, une vision mais également de se créer des opportunités professionnelles. Elle demande ainsi un travail de fond, mais également de forme, grâce à une communication régulière pour développer sa notoriété et inspirer confiance auprès d’un public qui ne nous connaît pas. C’est l’association de ces deux compétences qui vous permettra de vous orienter vers une carrière et vivre de votre passion. La voie ne sera pas toujours facile, mais si l’aïkido est la pratique de toute une vie personnelle, pourquoi la carrière dans cette même discipline ne serait-elle pas le projet d’une vie professionnelle ?
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