Depuis mes débuts, je participe à de plus en plus de stages d’aikido. Si les stages sont souvent inconfortables pour les débutants, ils nous offrent une belle opportunité de progression. Pour ma part, j’ai mis à profit ces 10 stages pour certes pratiquer, mais également pour observer et tirer des enseignements sur le plan technique, physique, psychologique et relationnel. Voici donc les 10 enseignements généraux appris en 10 stages techniques
1/ Sortir de sa zone de confort en se confrontant à un autre enseignement
Participer à un stage, c’est souvent se confronter à une pratique qui ne nous est pas familière. Et pour cause, les élèves du sensei animant le stage sont souvent plus à l’aise avec les techniques proposées car déjà vues en cours.
Mais l’inconfort est justement l’objectif et le challenge des stages ! Se confronter à un autre enseignement, c’est consolider sa pratique et tester notre efficacité.
C’est également enrichir son aikido d’une autre pratique. En revanche, lorsqu’on est débutant et que nos bases ne sont pas encore solides, l’inconnu peut nous faire perdre nos repères au début. Ce sentiment de malaise est tout à fait normal, et surtout, plus on assiste à des stages, et plus il disparaît. Ce qui comptera pour construire des bases solides, c’est une régularité dans notre pratique dans un ou deux dojos “du quotidien” et se challenger à fréquence régulière avec des stages.
2/ Confronter sa pratique avec d’autres pratiquants
De même que suivre un nouvel enseignement nous met dans une zone d’inconfort, pratiquer avec des aikidokas d’autres clubs peut également nous déstabiliser.
Il peut ainsi nous arriver de pratiquer avec des gabarits et des profils auxquels nous ne sommes pas habitués, ou encore des pratiquants qui ne nous ménageraient pas “comme à la maison”. Et pourtant, cette pratique est extrêmement formatrice : d’une part, elle nous permet de tester l’efficacité de nos techniques, mais nous prépare également aux passages de grades ou notre Uke nous sera totalement inconnu !
3/ Développer son endurance physique
Un stage est une épreuve physique : il demande d’arriver sur le tatami en forme, et de se préparer à une pratique plus longue qu’un cours habituel : entre deux heures et 3h30 pour une matinée, et plus pour une journée entière ou encore une semaine.
Lorsqu’on assiste à un stage, on se nourrit suffisamment avant, on s’assure d’avoir bien dormi, et on pense à s’hydrater. Évidemment, ces conseils peuvent sembler évidents, mais il est toujours important de les rappeler. Pratiquant le jeûne intermittent, je fais aujourd’hui une entorse à mes habitudes alimentaires pour prendre un petit déjeuner les jours de stages, afin de tenir la matinée !
Par ailleurs, certains stages, comme les préparations aux passages de grades demandent beaucoup de patience. En recréant les conditions réelles d’examen, les stagiaires jouant le rôle d’uke doivent attendre leur tour pendant des heures assis et immobiles.
Les prépa grades nous amènent à pratiquer en suwari waza pendant plus longtemps que d’habitude, et c’est également une épreuve physique sur le corps. Les tatamis peuvent également être plus durs que dans notre dojo habituel et c’est également un élément qui peut jouer sur notre fatigue physique.
4/ Synthétiser les corrections dans une démarche d’amélioration
Lorsque les mêmes remarques reviennent, c’est qu’il est temps d’apprendre !
Chaque enseignant ne se focalisera pas sur les mêmes points lorsqu’il corrigera ses élèves. Mais lorsqu’une même correction revient, et ce, même à l’occasion d’un stage, donné par un autre enseignant, c’est qu’il faut corriger le point en question rapidement.
Et c’est pourquoi les stages sont une véritable opportunité de progresser.
Si je n’arrive pas toujours à intégrer de manière instantanée les corrections des professeurs, le fait que plusieurs enseignants me fassent la même remarque fait tilt en moi : si X me dit de me tenir droite, j’entends, mais ne réagit pas tout de suite. Si X et Y me disent de me tenir droite, c’est que je ne suis pas droite, donc je prends conscience du point à corriger rapidement.
5/ Gérer son espace sur les tatamis
Un stage, c’est parfois des centaines de pratiquants réunis sur une petite surface. Dans ce contexte, il est important de savoir gérer son espace. La règle de base est de faire chuter Uke vers l’extérieur du tatami. Uke devra faire attention à chuter droit et non en diagonale. Pas de place pour faire votre ikkyo ? La chute ponctée permettra à votre uke de prendre moins de place. Pas de place pour chuter ? Vous ne pouvez pas envoyer votre uke en super strike pour votre kaiten ? Contentez-vous d’un ude garami, moins gourmand en place.
Ces règles de base permettent d’éviter les accidents sur le tatami et devraient être enseignés dans notre dojo habituel, car ce n’est pas en stage que l’on apprend la gestion de l’espace !
6/ Maîtriser le shisei dans un environnement inconnu
Le shisei en aikido, c’est l’attitude. Cette attitude comprend des règles comportementales et de posture que tous les pratiquants peuvent lire dans leur guide du débutant. Concrètement, il s’agit de se mettre en seisa lorsque l’enseignant montre une technique, ne pas (trop) parler sur le tatami, saluer le Kamisa, saluer son partenaire, laisser le plus gradé pratiquer en premier, attaquer Tori lorsqu’on rentre et qu’on tourne à trois dans la pratique, sauf quand on est le dernier uke de l’enseignant, où là, on devient tori avec le prochain pratiquant…
Mais il y a des subtilités qui m’ont par exemple échappées :
- La manière d’orienter les armes lorsqu’on les poses devant le jury en passage de grade
- La manière de se place pour ne pas faire dos au Kamisa lors de l’échauffement (lorsqu’on travaille sur les fentes avant)
En stage, le shise est également une manière de représenter dignement son club !
7/ Chercher la plus-value en stage
Lorsqu’on participe à un stage, on vient pour découvrir quelque chose de différent : il peut s’agir de variations de formes, de rapport au corps et d’ancrage au sol, de philosophie différente. Bref, lorsqu’on vient en stage, on vient chercher une plus-value.
Concrètement, voici quelques exemples :
- J’ai appris des variations d’ikkyo au stage de Fabrice Croizé et Marc Bachraty
- J’ai appris de nouvelles techniques en Jo nage avec Hélène Doué
- J’ai compris la puissance d’un bon ancrage au sol aux stages de Bruno Zanotti, Ludovic Caudéran et Fabrice Croizé
- J’ai appris les formes à privilégier aux passages de grades avec Arthur Frattini, Patrick Bénézi et Céline Froissart
- ”
8/ Développer son réseau grâce à un bon relationnel
Participer à des stages permet de développer son réseau dans l’écosystème de l’aïkido. Cela nous ouvre les portes à d’autres dojos, et nous permet de réduire l’appréhension de l’inconnu à chaque nouveau stage.
Lorsque j’ai commencé à assister à des stages, je ne connaissais personnes et j’avais honte de ne pas porter de hakama. Cette honte s’est estompée avec le temps et la progression dans ma pratique.
Mes escapades en Province et mes voyages à l’étranger m’ont permis de pratiquer avec des participants totalement inconnus et dans une langue étrangère !
Aujourd’hui en France, lorsque j’assiste à un stage, je sais que je vais forcément croiser des pratiquants que je connais, et si ce n’était pas le cas, qu’importe !
Et avec Aikido-Millennials, je rencontre même des aikidokas qui me connaissent et me félicitent pour mes articles alors que je ne les connais pas 🙂
9/ Laisser les tensions interpersonnelles hors du tatamis
Mes articles sur aikido-millennials et mes prises de position sur certains sujets à titre personnel ne m’ont pas fait que des amis. Il m’est déjà arrivé d’avoir des appréhensions en assistant à certains stages. Et pourtant, l’aïkido est un purificateur relationnel. Le tatami est un sas qui fait table rase de toute l’animosité ou des craintes que l’on peut avoir en entrant dans le dojo.
Lorsqu’on est sur le tatami, la règle est de pratiquer avec tout le monde, sans état d’âme. Et lorsqu’on pratique, on laisse ses émotions de côté. C’est toute la magie de l’aïkido ! Restez calmes, restez neutre, lâchez-prise, la personne avec qui vous pratiquez est Uke, et seulement Uke.
10/ Etre fier d’être venu
Lorsqu’on a participé à un stage, et qu’importe les apprentissages, on est fier d’être venu ! Pour rappel, un stage est une épreuve physique, et dont on peut se féliciter d’avoir participé. Au-delà du coup de tampon pour votre passeport, c’est une expérience martiale qui consolide votre investissement dans votre pratique de l’aïkido, de votre volonté de progresser et surtout une manifestation du plaisir que vous prenez !
Conclusion
Voici donc les 10 enseignements tirés de 10 stages techniques.
Merci aux enseignants pour leurs conseils, merci à mes ukes, et fierté personnelle pour avoir osé levé mes appréhensions !
Une nouvelle saison démarre, et elle ne fait que commencer !