En janvier 2020, je m’étais mis beaucoup de pression pour passer mes grades d’aïkido. J’avais bachoté les techniques pour passer mon premier kyu…sans succès. Quelques semaines après cet échec personnel, le Covid a débarqué, faisant table rase de mes objectifs de progression. En effet, depuis maintenant un an, la pratique de l’aïkido est discontinue et les projections (sans mauvais jeu de mot) sont difficiles. Alors doit-on se résigner à passer nos grades ? A progresser ? C’est en tout cas la question que je me suis posée. Voici donc ma réflexion et mon retour d’expérience très personnel  sur cette année chaotique sur le plan martial. 

I- Passages de grade : de la pression au lâcher-prise

 

Je m’étais mis énormément de pression à vouloir obtenir mon premier kyu, qui était pour moi une étape importante dans ma progression en aïkido, celle du hakama. Manque de chance, j’ai compris, après coup que la connaissance des techniques ne suffisait pas pour cet examen. 

Après une grosse déception et remise en question personnelle, le Covid a fait surface, paralysant la pratique de l’aïkido pendant plus de 3 mois d’affilée. Ayant réalisé que la pandémie allait durer plus longtemps qu’espéré, je me suis résignée à ne pas passer mes grades pour cette année 2020. De toute façon, avais-je vraiment le choix ?

Par ailleurs, j’avais décidé en septembre 2020 de changer de dojo. Le niveau d’exigence de ce nouveau dojo m’avait également clairement montré que je n’étais pas prête pour mon examen. J’ai donc changé ma philosophie, en acceptant de prendre tout ce que je pouvais prendre de ce nouveau club et mettre de côté mes objectifs de passage de grade.

Cette nouvelle optique m’a permis de mettre mon égo de côté et de pratiquer de manière plus détendue. 

J’en ai aussi profité pour développer Aikido Millennials 🙂

II – Une année hachurée et une motivation difficile à maintenir 

Septembre a été une petite bulle dans laquelle nous avons presque pu pratiquer “normalement”. Mais les nouvelles mesures fermant les gymnases nous a contraint à pratiquer dehors, puis en visio…de nouveau.

Je ne vous cache pas qu’avec l’arrivée du froid, et la saturation des événements en ligne, ma motivation avait sérieusement été remise en cause.

J’ai réussi jusqu’à novembre à trouver des combines pour pratiquer en dojo (autre régions, stages…) mais le mois de novembre a sonné le glas de la pratique de l’aïkido en France.

J’ai donc décidé de partir et pratiquer l’aïkido au Portugal, où la pratique est autorisée en dojo (mais avec masque). Cette expérience à l’étranger m’a surtout permis de découvrir une nouvelle pratique de l’aïkido et m’a enrichie personnellement en rencontrant d’autres pratiquants.

En parallèle, je n’ai pas réussi à garder le lien avec mes autres clubs français qui se débrouillaient comme ils pouvaient pour maintenir la connexion avec leurs adhérents (réunions zoom notamment).

 

III – Ma décision de quitter Paris, un véritable tiraillement pour l’aïkido

C’est au cours de mon séjour au Portugal, et au vue de la situation sanitaire en France que j’ai pris la décision radicale de quitter Paris. Décision difficile pour moi car l’aïkido et mes excellents senseis parisiens m’auraient permis de progresser plus rapidement.

Mais en pesant le pour et le contre, j’ai réalisé qu’il serait impossible pour moi de pratiquer normalement en 2020, et que 2021 n’allait pas forcément s’annoncer plus prometteur. 

Alors qu’en serait-il de ma pratique de l’aïkido ?

J’ai décidé que je continuerai de pratiquer en voyageant durant cette année 2021, sans me mettre de pression pour passer mes grades.

Certes je suis débutante, et j’aurais idéalement besoin d’un professeur dédié et d’une pédagogie continue, mais l’aïkido, qui prône l’adaptation devra s’adapter à mon mode de vie cette année 😉

Mais au fond, la seule qui me mettait vraiment la pression était moi-même…comme toujours.

J’ai donc décidé de faire de 2021 une année blanche pour l’aïkido, mais également une année de découverte et d’ouverture dans ma pratique de l’aïkido.

Peut-être n’est-ce pas l’idéal pour un débutant, mais c’est à la fois une grande source de rencontre et de découverte de culture.

D’ailleurs, pour tout vous dire, je prévois d’aller en Asie (Thaïlande, Taiwan, Japon, Indonésie en cette année 2021) et je compte bien y rencontrer des aikidokas. Je reste donc ouverte à vos invitations et mises en relations 🙂 

Conclusion 

Cette année 2020 a été particulièrement douloureuse pour l’aïkido. Déjà en déficit de visibilité, la discipline a subi de plein fouet le confinement et les restrictions sanitaires. De mon côté, cette situation m’a fait prendre des décisions radicales pour ma pratique de l’aïkido. Décisions qui ne vont pas dans le sens d’une progression optimale, mais d’une ouverture vers d’autres pratiques et cultures. N’oublions pas toutefois que l’aïkido est la pratique d’une vie, et dans cette perspective, qu’est-ce qu’une année “perdue” ? Nous aurons bien d’autres occasions de rattraper le fil de la continuité avec les années à venir. Transformons les contraintes en opportunités et restons constants tant que nous le pouvons. 

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3 thoughts on “Mon Aikido en 2020 : entre patience et résignation”

  1. Progression =/= grade 😁
    Quand je pratique seul, quand je vais découvrir un autre style, que je lis sur un thème martial, je progresses (pas forcément beaucoup hein), mais je n’ai pas de médaille/ceinture en plus…
    Pour ta situation, tu progresses lorsque tu te prépares, révises les techniques, et te met un peu de challenge. Elle est là la progression … aller chercher la marche suivante. D’après ton blog, tu as eu de bons senseïs, pas de doute sur leur capacité à te faire progresser et te faire poser les bonnes questions. Je pense qu’il faut faire ressorrir l’aspect martial et harmonieux de notre art, plutôt que de tenter de “réciter” ses techniques, lorsque tu te rapproches des dans. Bon voyage, et entrainement ☺️

  2. Bonjour Yeza Lucas

    Votre courage est un exemple. Etre capable de faire votre propre critique concernant votre passage de grade est honorable et témoigne d’un e humilité – qualité rare – que j’apprécie personnellement.
    Et votre décision de vous expatrier me rend admiratif. Je rêve de réaliser une telle action pour trouver un lieu où pratiquer mais j’ai des tas de contraintes qui me fournissent des excuses. Votre mise en acte me réconforte par procuration et m’invite à réfléchir.
    Conernant les grades : j’ai commencé la pratique de l’aïkido en 1981 dan sun club Lyonnais “hors fédéral”. Sauf que je ne savais pas qu’il y avait des fédés. 11 ans plus tard, je changeai de ville et de club et me suis trouvé dans un club FFAB où mes grades ne valaient rien. J’ai passé le 1er Dan officiel (de l’UFA) et me suis rendu compte de l’imposture des passages de grade. La plupart des aikidokas – poussés par leurs profs qui y ont intérêt – pratiquent pour passer un grade.
    Puis j’ai changé de club et me suis retrouvé à la FFAAA.
    Pour ma part je pense que le grade doit venir en conséquence d’un entrainement. Lequel entrainement devient plaisant justement parce qu’il n’y a pas d’enjeu de compétition : réussir son passage de grade.
    Finalement 17 ans après le 1er Dan j’ai passé le 2ème Dan afin de pouvoir me présenter au CQP afin d’être en conformité avec une municipalité pour laquelle j’interviens en périscolaire.
    De plus je propose des cours d’aiki-taiso et des ateliers “bâton”. Mais comme ça n’existe pas pour le conseil des haut gradés de la FFAAA, j’ai été amené à changer la dénomination en Zen’RGym.
    Ces cours sont ouverts à des personnes même si elles ne font pas d’aïkido. Et à chacun de mes 3 cours hebdomadaires (enfin quand on y a droit) j’ai entre 15 et 20 personnes mais rarement des aikidokas !

    Voilà, en guise de prise de contact, je voulais partager avec vous un peu mon parcours atypique d’aikidoka, passionné.
    L’ Aikido est une pratique d’une grande richesse pour l’humain et je vous encourage à persévérer à vous exprimer car – à mon avis – vous avez beaucoup à partager et à offrir.
    Aikiamicalement
    Patrick Sermet
    Bourg en Bresse

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