2020 marque un tournant dans ma vie d’aikidokate. Cela fait maintenant presque 4 ans que je pratique l’aïkido et j’ai pris conscience d’un certain nombre d’éléments qui m’ont permis d’évoluer et d’avancer tant au niveau de ma réflexion que de ma pratique. Ce tournant englobe divers domaines : mon apprentissage de l’aïkido, de sa culture, mon engagement pour cette discipline, mais également mes aspirations liées à ma vision. Cet article a pour objectif de présenter les différents éléments qui constituent le tournant que prend ma vie d’aikidokate en cette année particulière.

1 – Une découverte de nouveaux enseignements qui répondent à mon besoin d’apprendre par analogie

Chaque individu doit trouver une méthode d’apprentissage qui lui correspond. Pour certains, la répétition sera la clé. Pour moi, l’analogie annonce le déclic.

Quand je me lance dans un apprentissage, j’ai besoin de comparer ce que j’apprends avec un enseignement venu d’ailleurs. Il arrive que les deux enseignements apportent le même conseil, et c’est de cette manière que mon cerveau fait tilt. 

Lorsque l’enseignement vient d’une seule personne, ou d’une seule école, il n’est pas mis en perspective, et la prise de recul est difficile. 

Dans ce contexte, j’ai commencé à pratiquer l’aïkido en parallèle dans un autre club que l’on m’a conseillé. J’ai pu, de cette manière corriger plusieurs erreurs : lorsque deux sons de cloches similaires retentissent, ils pointent une erreur prioritaire à corriger. 

C’est de cette manière que j’ai pu corriger certaines postures et déplacements.

Est-ce pour autant s’éparpiller ? 

  • Non si on a quelques bases solides
  • Non si la pratique du nouveau dojo ressemble à celle que l’on pratique actuellement (vous pouvez demander conseil à votre sensei). 
  • Non si on reste dans la même fédération : en aïkido, il existe deux fédérations (la FFAAA et la FFAB) : si vous êtes débutant, restez dans votre fédération, pour ne pas vous embobiner avec deux pratiques, pour le coup, bien plus différentes. 

On déconseille souvent aux débutants de changer de pratique lorsqu’ils construisent leurs bases, mais j’ai tout de même voulu tenter l’expérience. L’avenir nous dira si j’ai eu raison. 

Comme dans l’entrepreneuriat, j’ai besoin de me former avec plusieurs mentors, plusieurs écoles et faire ma propre synthèse. 

2 – Un apprentissage de l’Histoire de l’aïkido

Je me suis rapidement rendue compte que ma culture de l’aïkido était très faible. Certes, nous avons bien un livret du débutant distribué dans chaque dojo, mais un manuel non décrypté ne fait pas sens à l’élève. C’est le rôle de l’enseignant.

Bien sûr, il est difficile de demander à un enseignant d’aïkido de prendre le temps de 

de transmettre l’histoire et la culture de l’aïkido, car ses heures sont comptées. Mais des moments de formation prévus hors des cours pourrait être intéressants pour permettre aux aikidokas de comprendre le contexte dans lequel l’aïkido et ses techniques se sont développés mais également de questionner la place de l’aïkido dans le monde d’aujourd’hui : 

  • L’aïkido est-il amené à muter continuellement ? Rester immuable (bien qu’il ai changé depuis les années 40) ? 
  • Ou répondre à une demande sociétale des nouveaux adhérents (besoin de savoir se défendre par exemple). 
  • Au delà de la pratique de l’aïkido, vient la quête de sens dans la discipline. Pourquoi fait-on le geste ?
  • L’aïkido doit-il rester un art martial de dojo ? Cette expression a-t-elle déjà eu un sens ?
  • L’adaptation de l’aïkido à son époque contribue-t-elle à sa déformation ?

Je n’ai pas de réponse à ces questions, mais comprendre l’histoire de l’aïkido peut donner des éléments de réflexion personnelle. Et c’est le chemin que j’ai choisi.

Ce questionnement sur le sens de l’aïkido au XXIème siècle m’a amenée à construire un espace de réflexion avec Aikido Millennials. C’est d’ailleurs dans cet espace de réflexion que je pose la question de l’évolution de la pratique avec son époque.

Cette vision n’est pas toujours partagée car elle pourrait “dénaturer” l’art martial.

Mais n’oublions pas que l’aïkido que nous pratiquons aujourd’hui n’est pas le même que celui pratiqué dans les années 40 par Ueshiba. 

En échangeant avec des aikidokas et des blogueurs plus expérimentés comme Emmanuel Betranhandy, fondateur de Paresse Martiale et Pierre Fissier, fondateur de Aiki-Kohai, j’ai pu développer des bases en matière d’histoire de l’aïkido. Bien sûr, la route est encore longue 😉

Plus concrètement, des stages et formations pourraient être proposés par les enseignants à leurs élèves pour leur permettre de s’imprégner de cette culture de l’aïkido et de redonner du sens à leur pratique. C’est ce que propose le Kuroba, l’un des clubs dans lequel je pratique. Sonder les élèves sur leur volonté d’approfondir leur culture d’aikidoka serait ainsi un bon moyen d’enclencher la dynamique. 

3 – Un engagement encore plus fort, porté par une vision claire

Depuis quelques années, je m’étais investie dans la communication de mon club, en proposant une stratégie de communication en interne et en externe, ainsi que l’animation des réseaux sociaux. En 2020, j’ai envie d’aller encore plus loin, en construisant ma propre vision de l’aïkido : un art martial qui peut aider des milliers de personnes à gagner en confiance, en puissance, et en maîtrise de soi, mais qui devra s’adapter pour survivre.

Et pour cela, je pense que chaque aikidoka peut être un ambassadeur de la discipline. 

Toutes mes actions de communication visent aujourd’hui à faire connaître l’aïkido au delà de son cercle de pratiquants. Et pour cela, il est nécessaire d’accrocher avec ce nouveau public en parlant la même langue que lui : que va-t-il chercher dans la pratique de l’aïkido ? L’aïkido peut-il répondre à ses besoins ?

N’oublions pas que pour faire connaître notre discipline et la proposer à de plus en plus d’individus qui pourraient en voir les bénéfices, il faut un message clair, commun et connecté aux aspirations des nouveaux pratiquants.

Bien sûr, il ne s’agit pas de construire un aïkido sur mesure, mais de valoriser et concrétiser les grands principes de l’aïkido : comment l’aïkido pourrait-il aider les individus dans leur quotidien ?

Alors, l’aïkido est-il amené à mourir ? Je ne pense pas. Mais aujourd’hui, déployer autant d’énergie pour faire connaître la discipline va de pair avec une vision positive et renouvelée de l’aïkido.

C’est pourquoi, ma vision s’accompagne d’une envie de transmettre, en enseignant. J’ai en effet envie de donner le plaisir de faire de l’aïkido à de nouveaux pratiquants, comme j’ai moi-même pris du plaisir à faire de l’aïkido avec la pédagogie qui me correspondait.

Je ne suis encore qu’une débutante, mais je prends du plaisir à aider des moins gradés que moi et j’essaye de leur donner des clés pour leur faciliter l’apprentissage des techniques, en me basant sur “mes découvertes” et des éléments facilement applicables. C’est cette empathie doublée d’un sens du pragmatisme qui m’a permis de devenir coach sur le plan professionnel. 

Bien que je ne compare pas l’enseignement de l’aïkido à celui de l’entrepreneuriat, je pense qu’il faut de bonnes bases en pédagogie et d’empathie pour exceller dans ces deux disciplines. 

4 –  Un changement de mon rapport au temps basé sur une prise de conscience : l’aïkido, c’est pour la vie. 

Après avoir essuyé un échec lors de mon passage de 1er kyu, mais également de mon arrivée dans un nouveau club, j’ai pris conscience d’une chose essentielle en aïkido : on s’engage sur toute une vie. 

Bien sûr, il ne s’agit pas d’un contrat tacite entre un dojo et un élève. Mais d’une quête spirituelle intérieure qui occupe les pratiquants toute leur vie. C’est cette quête qui explique pourquoi des aikidokas gradés sont en constant apprentissage après 30 ans de pratique. 

Cette prise de conscience m’a permis d’être plus patiente, et d’accepter que le chemin sera long. Cela ne veut pas dire que je ne compte pas passer mes grades, au contraire ! Mais cette conscience de ce chemin infini me permet de relativiser les échecs et gagner en humilité. Je prends ainsi de plus en plus conscience de ce que je ne sais pas. 

Mais vient-on tous rechercher la même chose dans un dojo ? Je ne pense pas. Cela dépend de son niveau d’avancement, mais également de ses aspirations profonde. 

“Les gens viennent pour une raison et restent pour une autre” m’avait dit mon sensei il y a quelques temps.

Si l’on prend mon cas : j’ai ouvert la porte d’un dojo pour avoir des bases de self défense sans faire usage de ma force, et pratique un art martial à la fois non violent et esthétique. Aujourd’hui après 4 ans, je cherche à gagner en lâcher prise et en fluidité.

L’aïkido est ainsi devenu un pilier fondamental de ma vie. C’est pourquoi j’y consacre du temps et en fais une priorité. Je pratique les armes (même si je n’aime pas ça), pour ne pas passer à côté de sensations utiles à mains nues, je pratique 4 à 5 fois par semaine (même sans avoir accès aux douches) et je répète régulièrement les techniques ou déplacements qui ne sont pas encore clairs pour moi. 

Aujourd’hui, l’aïkido fait partie de mon équilibre de vie, et me permet d’oublier mes problèmes laissés hors du dojo pour me concentrer sur ma progression, certes longue, mais solide !

 

Conclusion  

2020 est un vrai tournant dans ma vie d’aikidokate. Il y en aura sûrement d’autres. Mais ce tournant, dans lequel je même engagement, culture et pratique me permet de donner tout son sens à l’aïkido et me permet de continuer à persévérer dans cette voie. Alors que signifie l’aïkido pour moi ? Mettre mon énergie au service d’une vision claire tout en harmonisant notre message pour lui donner plus de souffle”

 

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4 thoughts on “2020 : un tournant dans ma vie d’aikidokate”

  1. Bonjour,
    Super article, très intéressant. J’ai commencé l’aïkido il y a 4 ans aussi donc je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris. Bonne continuation à toi dans la pratique et dans la vie.
    Thierry

  2. Bonjour,

    Un article intéressant, qui développe aussi aussi ce qui peu manquer au enseignant forcément plus âgé sur les manques d’explications que vous pouvez attendre.
    Un point qui m’exaspère (je suis un vieux ronchon) c’est de lire aikidokate (!) qu’est ce que le “kate” vient faire là. Vous êtes une pratiquante d’aïkido en japonais c’est aikidoka, celui/celle qui suit la voie. Ou alors ce serait aïkidocat car vous devez toujours retomber sur vos pattes pour attaquer encore et encore.
    Je prends bien du plaisir à vous lire même si certains points vue montre un manque sur l’étiquette mais cela viendra avec le temps, ne devenons des judoka (même au féminin 🙂 ) qui ne connaissent plus le principe du dojo et en ont oublié les principes.
    Continuez ainsi vous progresserez et moi aussi en vous lisant.

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