Depuis que je pratique l’Aikido, je réfléchis sans cesse au sens de la pratique et pose régulièrement mes questions publiquement. Aujourd’hui, voici quelques questionnements et réflexions sur la pratique de l’Aikido que je vous partage. Certains y verront sûrement des aberrations, mais je préfère me questionner lorsque les choses ne semblent pas fluide ou logique pour moi. Peut-être que ces réflexions pourront également parler à certains d’entre vous.
Mes questionnements divers en Aïkido (en vrac):
- Pourquoi demande-t-on à Uke de plier sa jambe lorsqu’il est immobilisé sur un ikkyo ?
- Pourquoi les coups de pieds ne sont pas enseignés en Aïkido (Ça existe, mais c’est très rare) ?
- Pourquoi les Kaeshi waza (retournement de situation) ne sont pas plus enseignés en cours ?
Il en est de même pour les pratiques libres ? Je ne parle pas d’un Jyu Waza avec une consigne d’attaque, mais plutôt d’attaques spontanées et de réponses spontanées, toujours dans les règles de l’Aiki…
Mes réflexions personnelles sur la pratique de l’Aikido
Sur l’efficacité
- Technique d’aïkido : pour moi, si ça ne marche pas sur parquet, on ne peut pas parler d’efficacité.
Prenons un exemple : si on parle d’efficacité, sur un Kote Gaeshi, par exemple : l’idée n’est pas de partir en chute avant ou arrière, c’est plutôt de descendre pour « annuler » la douleur. Ce n’est pas visuel, mais c’est efficace.
De même, une chute claquée n’est pas forcément la réponse a beaucoup d’intensité : sur un tatami ça marche, mais sur un parquet, on ne revient pas à la charge après ça.
- Pour moi, une pratique où Uke doit c’est à Uke de se placer pour que Tori ait les conditions pour faire sa technique n’est pas convaincante
Pour aller plus loin, une technique d’aïkido doit être efficace, même si Uke n’est pas mobile. On ne peut pas conditionner la réussite d’une technique à la mobilité du partenaire.
Petite précision : je parle beaucoup d’efficacité, car c’est une dimension que je vais rechercher dans la pratique de l’Aikido, même si ce n’est pas la seule. Toutefois, si certains sont mal à l’aise avec ce terme, je pense que l’efficacité et la mortalité sont tout de même intimement liées.
Sur la pratique libre
Je me fais également la réflexion qu’on n’a pas de pratique vraiment libre en Aïkido. En Kung Fu, on pratique parfois ce qu’on appelle le « combat libre » à savoir attaquer l’autre avec les pieds ou les poings (tout en respectant l’intégrité du partenaire) qui doit gérer ces attaques spontanées.
En Aïkido, la seule pratique conventionnelle que l’on considère comme libre, c’est le Jyu Waza. Le problème, c’est que c’est pas vraiment libre, puisque l’attaque est convenue d’avance.
Pour moi, une vraie pratique libre, c’est réagir à des attaques spontanées que l’on est censé connaître, car elles sont dans le répertoire.
De cette manière, on pourrait être attaqué « par surprise », sur Shomen, comme Tsuki, comme Katadori. Cette liberté permettrait aux pratiquants de vraiment s’exprimer, tant dans l’attaque que dans la réaction à l’attaque.
Les Kaeshi waza sont un autre exemple d’expression de notre liberté en Aïkido.
Un peu plus codifiés certes, puisqu’ils partent souvent d’une attaque définie, ils permettent toutefois de voir comment spontanément se sortir d’une situation. Ils restent pour moi une manière d’exprimer un Aïkido qui nous est propre.
On entend souvent qu’avec le temps et l’expérience, on finit par se forger son propre Aïkido. Mais pour moi, ça passe par des exercices de pratique libre. On ne se réveille pas un beau matin avec un Aïkido qui nous est propre.
Et si je vais aller plus loin, j’irais même jusqu’à dire que plus on donne la possibilité aux pratiquants de s’exprimer en réagissant de manière spontanée, face à des attaques « surprise » (toujours dans le cadre du répertoire), plus on leur apprend à nourrir une réflexion sur la pratique.
Peut-être que j’extrapole trop, mais je le pense.
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Sur la pratique des armes :
Sur le relâchement du corps :
- Détendre son corps ne doit pas être l’objectif de la pratique, mais plutôt une conséquence pour bien la réaliser ou la vivre.
Conscientiser ses tensions, c’est bien. Mais se détendre n’est pas quelque chose qui se fait sur commande (on peut y arriver mais le naturel revient au galop à la moindre appréhension).
Personnellement, ce n’est pas là-dessus qu’on devrait mettre l’accent lorsqu’on enseigne.
Plutôt que de mettre l’accent sur le relâchement dans la pratique, qui pour moi, est une adaptation du corps pour bien réaliser une technique (ou la vivre), on devrait plutôt se focaliser sur ce que l’on peut apporter aux pratiquants en face de nous en tenant compte de leur niveau de pratique : concrètement, avec quoi ressort-il à la fin du cours ? C’est pour moi le rôle d’un professeur d’aikido.
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Mon cours d’Aikido :
- Échauffement cardio et renfo
- Suwari waza à chaque cours
- Travail de variation autour des armes : plus de Tanto, Tanto contre une autre arme…
- Travail de Kaeshi waza
- Pratique libre (Jyu Waza sur tout type d’attaque non anticipée)
- Travail des chutes sur sol dur
- Adaptation des techniques pour utilisation Self-Défense
- Pratique visuelle pour les démos : chutes ponctées et enlevées
- Méditation guidée pour terminer (je l’ai expérimenté en JJB et en Aikido, et franchement, c’est très bien)
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Conclusion :
Depuis quasiment huit ans, je réfléchis à la pratique de l’Aikido en posant des questions et en remettant en cause ce qui ne me semble pas clair ou logique. Il m’arrive d’interroger mes enseignants, mais également d’interroger mes partenaires ou tout simplement de m’interroger et de poser des réflexions publics comme c’est le cas aujourd’hui. Nous ne devrions pas avoir honte de nous questionner sur ce qui nous a été transmis, car c’est une manière de faire évoluer la pratique que de l’interroger régulièrement.