En échangeant avec des pratiquants et abonnés d’Aïkido Millennials, j’ai pris conscience qu’une lassitude dans la pratique était bel et bien présente chez une partie d’entre eux.
Cette lassitude, je la comprends, car je l’ai expérimentée à plusieurs reprises :
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– En tant que fraîche débutante, où j’ai dû m’accrocher pour mémoriser des techniques et des déplacements, alors que mon cerveau transpirait plus que mon corps
– En révisant mes grades ou mon BF, où je cumulais des heures sur les tatamis à en être presque dégoutée
– Aujourd’hui, où j’aspire à une pratique de l’Aikido plus libre et me libérer des carcans de la forme.
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La lassitude n’est pas une question de niveau, c’est une question très personnelle de ressenti, et je vous précise le mieux dans cet article ! Bonne lecture.
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1/ Une lassitude liée à une perte de sens dans la pratique
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Personnellement, j’ai besoin de mettre du sens dans ma pratique, et le sens passe par la compréhension de ce que je fais. Et pour le dire clairement, je suis en recherche d’une application “opérationnelle” des techniques dans ma pratique.
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L’Aikido n’est certes pas un sport de combat, mais j’observe des “aberrations martiales” (à mon petit niveau) qui me font parfois perdre le sens de la pratique : les chutes dans lesquelles on tourne le dos au partenaire, les saisies qui doivent être maintenues “plaines” alors qu’elles sont plus contraignantes pour celui qui est censé contraindre et j’en passe…
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2/ Une pratique éloignée des défis du XXIème siècle
Par ailleurs, j’aspire à une pratique adaptée aux défis du XXIème siècle. Il n’est pas question de supprimer les techniques ou les attaques venues d’une autre époque (en Suwari Waza, au Bokken ou en Ushiro waza) mais d’élargir le terrain technique à des pratiques plus proches d’attaques “réalistes” :
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👉 Si Uke lâche la saisie en Ushiro mais qu’il se met à nous ceinturer, que fait-on ?
👉 Si Uke décide de nous donner un coup de pied latéral, comment réagit-on ?
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Je pense qu’il est possible d’appliquer les principes de l’Aïkido (préservation de l’intégrité physique de l’Aïkido, déséquilibre, non résistance notamment) à de nouvelles formes d’attaques et surtout, de régulièrement faire le lien entre attaques conventionnelles et situation martiale réelle (en tout cas, c’est une demande personnelle ;-))
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En développant de nouvelles formes d’attaques, on permet à la fois à Tori de stimuler ses ressources martiales pour se sortir d’une situation, et à Uke d’attaquer dans des situations plus proches de notre réalité.
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3/ Un enseignement hors sol qui peut faire fuir les pratiquants
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Il est normal de connaître des passages à vide dans la pratique d’un art martial ou d’une activité. En revanche, la lassitude peut être accentuée (ou causée) par un enseignement qui ne nous correspond pas.
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Concrètement, cela se traduit par des explications conceptuelles inefficaces pour pallier un problème concret : signaler à un pratiquant qu’il est trop tendu ne lui permettra pas d’améliorer sa technique, parler du Ki ou de l’énergie du Hara peut sembler hors sol également. Encore une fois, le meilleur des techniciens n’est pas toujours le meilleur enseignant. Tant que l’enseignant ne se mettra pas à la place de ses élèves, qu’il ne proposera pas une réponse adaptée à sa mémoire d’apprentissage (visuelle, auditive, kinesthésique) il risquera de passer à côté des problématiques qu’ils rencontrent au quotidien.
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Evidemment, un enseignant ne peut pas uniquement proposer des corrections individualisées, toutefois il y a un juste milieu à trouver.
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Pour donner un exemple personnel : lorsqu’un enseignant veut m’expliquer une technique en essayant de me la faire ressentir, le résultat est nul. En revanche, s’il se place à côté de moi et dans le même sens pour que l’on fasse le mouvement ensemble, je comprends tout de suite plus facilement.
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Conclusion : retrouver la joie du budo, une recherche personnelle
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J’ai conscience que je ne pourrais pas changer la manière dont on m’enseigne l’Aïkido. En revanche, je peux m’ouvrir à de nouveaux enseignements en ouvrant la frontière des écoles et des fédérations voire même, en ouvrant mes horizons à de nouvelles pratiques martiales. En parallèle, mes échanges avec les pratiquants tout comme mes réflexions écrites me permettent de peaufiner une réflexion personnelle sur mes besoins en matière de pratique martiale, et notamment dans l’Aikido : il s’agit d’un subtil mélange de liberté dans mon expression personnelles sur les tatamis, et d’efficacité car j’ai besoin de garder un lien avec monde dans lequel nous vivons tous les jours en dehors du cadre du dojo.
C’est de cette manière que je pourrais redonner du sens à ma pratique et balayer la lassitude des tatamis.