Depuis le deuxième confinement français, j’ai commencé à me lasser des cours en visi, mais aussi d’armes dans les parcs. En parallèle, j’ai eu la chance de pouvoir pratiquer l’aïkido à l’étranger. Cette expérience, en période de pratique discontinue, n’a pas été sans difficulté : adaptation à une nouvelle langue, découverte d’ aikidos alternatifs, m’ont vraiment déboussolée. De la frustration à la confusion, en passant par de nouveaux apprentissages, j’ai mis à profit cette expérience inédite, pour entamer une réflexion sur le sens de l’aïkido en 2021. 

1 – Aikido à l’étranger : entre frustration et déboussolement

Pratique à Oaxaca
Aikido à Oaxaca, février 2021

J’ai commencé à pratiquer à l’aïkido à l’étranger depuis novembre 2020. D’abord au Portugal, puis au Costa Rica, et actuellement au Mexique. C’est d’ailleurs dans ce pays que j’ai eu le plus de régularité dans ma pratique. 

Dans ces différents dojos, j’ai découvert des pratiques issues de différents courants d’aikido (que je ne connais pas), mais très différents de l’aïkido que je pratiquais en France. Ces courants, plus “spirituels”, proposent un aikido plus lent, où la respiration et les étirements prennent une part importante des cours. La pratique “pure et dure” y est réduite, et beaucoup moins intense, sur le plan sportif.

Par ailleurs, le niveau des aikidokas étant très débutants, il m’a souvent été difficile de progresser comme je l’aurais souhaité.

J’ai donc été, dans un premier temps, frustrée de ne pas pouvoir me défouler comme j’en avais l’habitude par le passé. S’ajoutait à cela un sentiment de culpabilité en me sentant ingrate.

En parallèle, je me suis beaucoup remise en question en doutant de mon niveau : en effet, étant débutante sans base solide (2e kyu), la découverte de ces pratiques alternatives était perturbantes. J’avais l’impression de désapprendre les bases que je pensais connaître. 

Pour en finir avec le doute, je décide de faire table rase de ce que j’ai appris et accueillir ces nouvelles pratiques, en faisant confiance à la mémoire et aux réflexes de mon corps pour faire la meilleure des synthèses possibles. 

2 – De la curiosité naissent de nouveaux apprentissages

Aikido à San Jose, Costa Rica,- Janvier 2021

Après la phase de frustration vient la phase d’immersion. 

A Oaxaca, je découvre un aikido plus spirituel : chaque cours débute à 7h30 du matin, par une méditation de 20 minutes et 15 minutes d’étirement/échauffements. 

Si la méditation m’a d’abord permis de finir mes nuits, cette pratique m’a appris à trouver le bon alignement de mon corps,  pour passer 20 minutes en seiza sans avoir des fourmis pendant une heure. J’ai également réalisé que je n’avais aucune souplesse, comparé à mes congénères qui se contorsionnaient comme des anguilles. 

Chaque cours finissait avec un moment d’enseignement : qu’avait-on appris pendant cette heure ? Une bonne façon de synthétiser l’apprentissage du cours, à chaud.

A Mexico City, j’ai découvert une nouvelle forme d’aïkido, plus “martial”. On pratique sur des tatamis très durs, et j’ai dû améliorer la qualité de mes chutes pour éviter les douleurs. Par ailleurs, le masque est ici obligatoire pendant la pratique : j’ai donc dû apprendre à économiser mon souffle et mettre mon corps à plus rude épreuve en fonctionnant avec moins d’oxygène. 

Avec le recul, j’ai progressé au niveau de mes postures, et mon adaptabilité à ces nouvelles pratiques m’ont permis de challenger mon aikido de débutante. D’ailleurs, c’est en me regardant dans la vidéo réalisée par le club de ce mois de pratique à Oaxaca, mais aussi dans les miroirs du dojo de Mexico City, que je me suis trouvée plus….martiale:-)

3 – La question du sens de l’aïkido en 2021

Aikido à Lisbonne, novembre 2020

Ces quelques mois de pratique à l’étranger, m’ont amenée à me poser des questions sur le sens que je donnais à l’aïkido en 2021. 

– Quel aikido ai-je envie de pratiquer et fait sens pour moi ?

Un aikido martial ? Un aïkido plus spirituel ? Suis-je en quête d’efficacité ou de spiritualité ? Les deux sont-ils combinables et comment ? 

– Dans quelles conditions ai-je envie de pratiquer ?

En France, l’aïkido en visio et la seule pratique des armes m’avaient découragée de pratiquer l’aïkido. Certes, il n’y avait pas d’autres options. Mais je ne ressentais aucun plaisir dans cette pratique de substitution. Certes, les armes sont utiles à la pratique, mais à quoi bon pratiquer sans plaisir ? 

– Qu’est-ce que je recherche vraiment dans l’aïkido

Je me suis donc posée la question de ce que je recherchais vraiment dans l’aïkido. Et je pense le savoir aujourd’hui : 

Une activité physique, dans laquelle je me dépense, mais qui me permet aussi de développer la confiance en moi, mon lâcher-prise, connaitre quelques clés utiles et efficaces, mais aussi la patience.

– L’objectif de passer mes grades fait-il encore sens aujourd’hui ?

C’est la question pratique qu’il est légitime de se poser. Nous ne savons pas quand reprendra la pratique de manière régulière en France. Mon aïkido n’est pas structuré du fait que je tire les enseignements de plusieurs écoles, sans réelle base solide. Les grades seront certes, un symbole officiel de ma progression, mais aujourd’hui, ce n’est pas ma priorité : mon challenge sera de mesurer mes propres progrès avec mon propre regard. C’est le moment de la self-critique. Un véritable défi dans lequel je vais devoir apprendre l’objectivité et l’indulgence vis-à-vis de moi-même ! Vaste programme.

Conclusion 

 

L’apprentissage et la progression sont un véritable challenge pour un aikidoka débutant en période de discontinuité de la pratique. Sans base solide, il doit synthétiser différentes pratiques et en faire sa propre synthèse.. Heureusement, il est possible, sans pratique d’entamer un véritable travail de réflexion sur le sens de l’aïkido en 2021. Et c’est tout l’objet d’Aïkido Millennials 🙂

 

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