Pratiquer l’Aïkido au Japon a été une expérience marquante, à la fois sur le plan technique, humain et culturel.
On imagine souvent qu’il faut un niveau élevé, parler japonais ou connaître quelqu’un pour oser franchir la porte d’un dojo au Japon. Mais ce n’est pas le cas.
Dans cet article, je partage trois aspects complémentaires de mon expérience : ce que j’ai retenu de cette pratique, les valeurs que j’ai rencontrées sur le tatami à travers tout le pays, et des conseils concrets pour celles et ceux qui souhaitent vivre cette aventure à leur tour.
La chose la plus importante que j’ai retenue de ma pratique de l’Aïkido au Japon
On m’a demandé à plusieurs reprises ce que j’avais retenu de ma pratique de l’Aïkido au Japon. Pour être honnête, la dimension technique est importante, mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marquée.
Sur le plan technique, je schématiserais ainsi : plus de centrage et moins de mobilité, des formes souvent plus directes et “pures”, sans fioritures, et peu de chutes enlevées.
Mais ce n’est qu’un bref résumé.
Et surtout, ce n’est pas la principale chose que j’ai retenue de mon expérience de l’Aïkido au Japon.
Il y a en effet une chose que j’ai apprise en pratiquant sur ces trois îles nippones : l’adaptation continue.
Comme je l’ai déjà mentionné dans un précédent post, ça demande du courage de franchir les portes d’un dojo. Surtout à l’étranger, et surtout quand les protocoles, rituels et formes changent dans chaque école.
Pratiquer au Japon (et, de manière générale, à l’étranger) demande une adaptation permanente et, par conséquent, invite à une certaine humilité.
Concrètement, j’ai pris conscience qu’à chaque fois que je me rendais à un cours, je risquais d’être complètement larguée. Et pour cause : chaque enseignant a son style de pratique et chaque école, ses variantes de techniques, auxquelles s’ajoute l’étiquette, qui change souvent d’un dojo à l’autre.
C’est donc clairement ma capacité d’adaptation que j’ai développée au Japon.
La base technique est là (je connais mon répertoire), mais il faut prendre le pli à chaque fois.
S’ajoute à cela la pratique en langue étrangère, sans sous-titre… Moi qui ai principalement une mémoire auditive, j’ai dû redoubler d’attention pour comprendre ce qui était attendu…!
En résumé, pratiquer au Japon m’a offert bien plus qu’une expérience technique.
C’est pourquoi je pense qu’il est essentiel, à son échelle, de s’ouvrir à différentes pratiques, quelle que soit la fédération ou l’école d’Aïkido.
L’entre-soi nous met dans un confort dont il est difficile de sortir, car il flatte notre ego.
Mais l’Aïkido, ce n’est pas une question d’ego. C’est une histoire de partage et d’ouverture.
6 enseignements que m’a transmis la pratique de l’Aïkido au Japon
Mon voyage au Japon m’a permis de comprendre un certain nombre de valeurs de notre discipline, qui dépassent largement le cadre du tatami.
Voici donc 6 enseignements que j’ai compris en pratiquant l’Aïkido au Japon :
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1️⃣ La connexion entre la recherche d’harmonie sociétale et celle qu’on cultive sur le tatami est frappante.
Elle se manifeste dans l’hospitalité, l’accueil, le respect du partenaire, la discipline… et dans le soin porté à tout ce qui nous entoure.
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2️⃣ Ici, l’Aïkido n’est pas vu comme un sport, mais comme un budo.
Les échauffements sont souvent faits de respiration, d’étirements, d’exercices de centrage ou de posture. Il y a parfois du cardio, mais pas toujours.
Certains cours sont très calmes : on transpire peu, mais on travaille en profondeur.
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3️⃣ L’esprit de l’Aïkido, c’est un mélange de rigueur et de joie.
On peut pratiquer dans la joie malgré un cadre rigoureux. Le fondateur y tenait. Le rire a aussi sa place sur le tatami : c’est un lien, un moment de partage.
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4️⃣ En traversant le Japon, j’ai retrouvé des valeurs communes dans tous les dojos que j’ai visités.
L’accueil, l’attention à l’autre, la relation humaine : peu importe les styles pratiqués ou les fédérations, cet esprit reste le même.
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5️⃣ Nous nous apportons mutuellement.
En tant que pratiquante venue de France, j’ai toujours été accueillie avec bienveillance.
Parce qu’au fond, on apporte aux pratiquants autant qu’ils nous apportent. C’est un vrai échange interculturel, sur le tatami et en dehors.
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6️⃣ L’Aïkido donne accès à une communauté qui facilite le lien social.
Il permet d’échanger, de créer des moments de convivialité, de tisser des relations fortes sur le tatami… mais aussi autour d’un repas ou d’un thé après la pratique.
Bref, je vous invite à découvrir l’Aïkido dans différents dojos au Japon.
C’est une porte d’entrée vers bien plus que la technique : vers une culture de la pratique et une compréhension de ce qu’est vraiment l’harmonie dans notre discipline martiale.
Pratiquer l’Aïkido au Japon : c’est plus accessible qu’on le pense
La pratique de l’Aïkido au Japon peut sembler difficile d’accès aux étrangers. Or, en réalité, les démarches sont beaucoup plus simples que l’on pense !
Voici comment je procède, étape par étape — et comment vous pouvez le faire aussi :
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1️⃣ Trouver un dojo
Je commence par Google Maps.
Si je ne trouve pas grand-chose, je tape en japonais : 合気道 道場 + nom de la ville.
Je privilégie les dojos avec des avis Google (ça confirme qu’ils existent bien), et je vais voir s’ils ont des réseaux sociaux actifs.
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2️⃣ Les contacter
J’envoie un message dans lequel je me présente, je demande les infos pratiques, et je relance si je n’ai pas de réponse.
Pour l’aspect technique, je passe par le formulaire de contact ou les réseaux sociaux (Instagram, Facebook).
Parfois, les formulaires ne marchent pas, et les sites ne sont pas toujours traduits automatiquement.
Mais pas d’inquiétude :
Gmail traduit les e-mails reçus en japonais,
et vous pouvez utiliser l’intelligence artificielle pour rédiger un message clair et poli en anglais.
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3️⃣ Les informations qui m’intéressent
Ce qui m’importe, ce sont :
les horaires et les modalités pratiques.
L’appartenance du dojo à telle ou telle fédération m’importe peu.
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4️⃣ Le jour J
J’arrive en avance pour repérer les lieux, m’échauffer si besoin, et me familiariser avec le tatami, qui est souvent plus souple qu’en France.
Côté argent, j’ai prévu la somme à l’avance, en appoint, que je donne avant le cours.
Je respecte l’étiquette du dojo une fois sur place.
Et côté pratique : il n’y a pas toujours de douche dans les vestiaires, donc j’anticipe ce point.
Souvent, je choisis un hébergement proche du dojo à pied, pour me faciliter la vie.
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5️⃣ Pas de réponse ?
Ça m’est arrivé.
Vous pouvez appeler le dojo (le numéro est souvent indiqué),
mais si vous ne parlez pas japonais, le plus simple — si vous voulez vraiment pratiquer — reste de vous rendre sur place.
Regardez les horaires des cours, arrivez un peu avant, et expliquez votre situation calmement.
Idéalement, on prévient à l’avance — mais si ce n’est pas possible, faites au mieux.
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👉 En résumé :
Ce n’est pas compliqué, mais ça méritait d’être partagé.
Pratiquer l’Aïkido au Japon ne demande pas de parler japonais, ni d’être gradé.
Les maîtres mots sont : curiosité, respect et simplicité.
L’Aïkido est un langage universel, et vous serez souvent surpris de la chaleur de l’accueil.
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Bonus : 4 gestes d’hospitalité forts des dojos japonais envers moi
Voici 4 gestes forts proposés par les dojos japonais à mon égard :
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✨ Adapter les horaires à mes dates de voyage
✨ Adapter le contenu du cours à mes besoins
✨ Me proposer de rester boire le thé à la fin du cours
✨ Me proposer un déjeuner et une visite de la ville
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Je remercie encore tous les dojos qui m’ont accueillie pendant mon séjour au Japon !
Si vous souhaitez vous rendre au Japon, je pourrais vous recommander les dojos dans lesquels je me suis rendue.
Conclusion
Pratiquer l’Aïkido au Japon, ce n’est pas simplement changer de lieu d’entraînement : c’est s’immerger dans une autre manière de vivre la discipline.
Au-delà des formes techniques et des différences de styles, c’est toute une culture de la pratique — empreinte d’humilité, de soin, de rigueur et de bienveillance — qui se révèle.
Cette expérience m’a permis de grandir non seulement en tant que pratiquante, mais aussi en tant qu’être humain.
Et si vous en avez l’occasion, ne vous privez pas de faire ce pas : poussez la porte d’un dojo japonais. Vous n’en sortirez pas tout à fait pareil.