Article invité rédigé par Paul qui pratique la boxe depuis 7 ans et propose un retour d’expérience personnel sur sa pratique de l’aïkido. Il est l’auteur du blog le Poing-Boxe. Bonne lecture.
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Après 7 ans de Muay Thaï et 2 ans en MMA, je souhaitais diversifier ma pratique en essayant un nouvel art martial.
Cette année, j’ai décidé de me lancer dans quelque chose de complètement différent : l’aïkido.
En effet, je me suis dit que cet art martial japonais considéré comme “interne” pouvait apporter un plus à ma pratique.
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Pour rappel, les arts martiaux internes se concentrent davantage sur le développement de l’énergie interne, la relaxation, la fluidité des mouvements et la maîtrise du souffle. Ces arts privilégient souvent la lenteur des gestes pour renforcer la perception corporelle et affiner l’alignement du corps et du mental.
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Les arts martiaux externes, en revanche, mettent l’accent sur le développement de la force physique, de la rapidité, de la puissance et de la technique de combat direct. L’entraînement inclut souvent des exercices plus dynamiques et physiques, comme des frappes, des coups de pied, et des blocages.
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Pour revenir à l’aïkido, j’ai donc décidé de pousser les portes d’un dojo pour un cours de 2 heures sur un tatami accueillant 25 personnes.
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Bien sûr, je n’ai pas eu le temps d’aborder tout ce qui a trait à la culture et aux valeurs que cet art martial véhicule. Je vais donc partager avec vous mon retour d’expérience personnelle basé sur une séance d’essai.
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POV : l’Aïkido, dans sa dimension efficace, est un sport de combat
Même si beaucoup le considèrent comme un art martial, l’aikido (bien exécuté) peut être redoutable en combat.
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C’est un mélange de self-défense, de discipline mentale et physique, avec un véritable travail sur la maîtrise de soi.
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Totalement à l’inverse des sports de contact (boxe anglaise, MMA), qui font un focus sur l’efficacité.
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! Attention !
Ce n’est que mon avis, mais je pense que tous les arts martiaux sont des sports de combat, car cela amène le pratiquant à réagir face à des mouvements externes.
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Que ce soit dans le cadre d’une agression ou non, le but est le même : cela est utile pour se défendre.
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L’aïkido : une approche différente des sports de combat que j’ai pu pratiquer
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Par rapport à la boxe thaï, on est dans un espace où tout le monde est serein, prend son temps.
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Pas de cris, pas de sueur dégoulinante, pas d’explosions d’agressivité. Ici, tout est calme.
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La séance était proche de la méditation.
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Ça surprend au début, mais on s’y fait très vite. C’est très reposant pour l’esprit.
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La séance a débuté par de petits échauffements.
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Les mouvements sont lents, contrôlés. Il n’y a aucune urgence, aucun sentiment de devoir prouver quelque chose à quelqu’un.
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En comparaison à la boxe thaï où le cours commence par de la corde à sauter pendant 20 minutes, l’aïkido est moins cardio, mais transpirer n’est pas uniquement ce qu’on vient chercher en venant pratiquer l’aïkido.
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De ce que j’ai compris, en Aïkido, il est important de se concentrer sur la respiration, la fluidité des gestes, la précision.
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L’aïkido permet vraiment de se reconnecter à son corps et d’être en phase avec soi-même.
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Ce qui m’a surpris, c’est cette sensation de calme intérieur qui s’installe peu à peu dans le corps : plus on se détend pour faire les bons gestes, et plus on est détendu.
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Le dojo d’Aïkido : un cadre familial
Je ne sais pas si j’ai eu la chance d’être bien tombé, mais les professeurs étaient très présents pour nous aider pendant le cours et prenaient le temps de corriger nos postures individuellement. Une des premières choses que j’ai remarquées pendant l’entraînement, c’est l’attention minutieuse portée aux détails.
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Les enseignants n’hésitaient pas à s’approcher pour corriger notre posture, notre verticalité et donner des conseils personnalisés. Ils m’ont même félicité pour ma progression depuis 30 minutes.
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Au cours auquel j’ai assisté, on ne se contentait pas de répéter les mouvements sans comprendre comme on le fait en boxe (où on doit faire 100 jabs ou 100 uppercuts). Dans ce cours d’Aïkido, on privilégie la bonne exécution du geste avant la quantité.
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Chaque technique est décortiquée.
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En aïkido, tous les mouvements reposent sur des principes de leviers corporels.
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Un mauvais alignement, et toute la technique devient obsolète.
A quoi bon donc répéter un mouvement s’il n’est pas, en premier lieu, proche de la perfection ?
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Ce que j’ai trouvé super, c’est que les enseignants ne laissent rien au hasard.
Par exemple, lors de l’application du “ikkyo” (une technique réalisée à mains nues), ils se sont assurés que mon poignet et mon pieds soient bien positionnés et que je tourne suffisamment mes hanches pour que la technique fonctionne.
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C’est en ajustant ces petits détails que j’ai ressenti la différence entre un mouvement forcé et un geste fluide.
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Par conséquent, même si cet art martial peut sembler doux de l’extérieur, il exige une grande rigueur et une réelle compréhension des leviers du corps (encore plus qu’en Jiu-Jitsu Brésilien).
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Aikido : la précision du geste
Lorsqu’on se demande quel art martial ou sport de combat choisir, il faut se rappeler les points clés de chaque pratique :
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En boxe thaï, on s’entraîne (entre autres) à frapper vite et fort.
En MMA, on cherche à neutraliser son adversaire rapidement, que ce soit par des coups de poing ou des prises au sol.
Mais en aïkido, c’est la précision et la qualité des mouvements qui est recherchée.
Pas l’efficacité (comme on pourrait l’imaginer dans un combat de rue). Elle vient après, selon moi.
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C’est pour ça que l’aïkido n’est pas un art martial facile.
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Il demande beaucoup de travail, de répétition, et une compréhension en profondeur des mouvements.
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En Aïkido, j’ai bien vu que je n’étais pas là pour me battre, mais pour me défendre en neutralisant efficacement une attaque.
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J’ai vu aussi qu’il y avait des pratiquants plus expérimentées qui utilisaient des armes, comme un sabre (bokken) ou un poignard en bois (tanto)
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D’ailleurs, cet aspect de travail avec des armes m’a intéressé puisque l’idée est la même: neutraliser l’attaque avec précision, sans utiliser plus de force que nécessaire.
Bilan du cours d’essai d’Aïkido : pas épuisé mais apaisé
Image générée avec Dall-E 3En sortant du dojo après cette première séance d’aïkido, je n’étais pas épuisé comme après un sparring de MMA ou une séance intense de boxe thaï.
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Non, j’étais apaisé. Pas une seule goutte de sueur qui dégouline de mon front, mais une sensation de calme en rentrant chez moi.
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C’est, je pense, une discipline qui est douce pour le corps, et c’est aussi ce qui en fait un excellent complément aux arts martiaux et sports de combat plus “durs”.
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Pour les curieux qui cherchent à améliorer leur pratique des arts martiaux, je pense que l’aïkido permet de renforcer la coordination, la précision et la capacité à réagir face à un attaquant (Uke) sans se précipiter.
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C’est un atout non négligeable pour ceux qui, comme moi, sont habitués à des pratiques où l’impact est roi.
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Conclusion : l’Aikido, un art martial complémentaire aux sports de contact dits externes
L’aïkido a une profondeur que l’on ne peut comprendre qu’en le pratiquant.
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Que vous soyez un boxeur, un combattant de MMA, ou un adepte de la self-défense, je vous encourage à pratiquer l’aïkido au moins une fois dans votre vie.
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Cela offre une perspective totalement différente sur la manière d’appréhender un combat réel.