Quand on parle d’Aïkido, on évoque souvent une discipline non violente, accessible à tous, sans compétition et sans distinction de genre. Mais ces idéaux prennent des formes différentes selon les pays, les dojos et les cultures. En France, la pratique repose sur un principe d’universalisme : tout le monde est censé pouvoir pratiquer ensemble. Au Japon, il existe une autre manière d’envisager l’accueil des différents publics.

Il n’est donc pas rare au Japon de voir des cours d’Aïkido réservés aux femmes :  les Women Class. Il ne s’agit pas d’une démarche exclusive, mais au contraire, d’un espace d’accueil et d’inclusion. Il s’agit concrètement de reconnaître qu’un espace entre femmes peut parfois faciliter l’entrée dans une communauté (ici, celle de l’Aïkido).

Quel est l’intérêt des Women Class ? Créer un cadre de confiance, de partage et d’écoute sur le tatami. Un lieu où l’on ose commencer, revenir, ou simplement se sentir à sa place dans un dojo.

Quand un espace féminin facilite l’entrée dans la pratique

J’ai commencé mon séjour au Japon  à Fukuoka avec un cours réservé aux femmes. J’y ai ressenti une vraie sororité, une forme de sécurité et d’intimité qui facilite l’entrée dans la pratique. Ce n’était pas un entre-soi fermé, mais un espace accueillant et bienveillant.

Depuis, j’ai participé à d’autres Women Class, à Kobe, mais également à Tokyo, au au Hombu Dojo. A chaque fois, l’ambiance était différente du reste des cours. Mais loin des projections qu’on pourrait avoir sur des cours « pour femmes », il ne s’agissait pas de diminuer l’intensité ou de simplifier les techniques, mais plutôt de proposer un autre cadre de pratique.

5 choses qui changent dans les Women Class d’Aïkido au Japon

Pour autant, les Women class sont une expérience très intéressante pour la pratique de l’Aïkido. Alors, pourquoi pratiquer l’Aïkido au sein d’une Women class quand on est une femme ?

Il y a souvent moins de monde que dans les cours classiques.

On a plus d’espace pour pratiquer et c’est un confort non négligeable dans la pratique d’un art martial ! De plus, un cours moins rempli est une proposition de cadre plus sécurisant pour les débutantes, pas toujours très à l’aise dans les environnements très denses.

Les enseignant(e)s pratiquent avec les pratiquantes


C’est un vrai luxe de pouvoir pratiquer directement avec l’enseignant ou l’enseignante. Selon les dojos, ces cours sont animés par des hommes ou des femmes, sans que cela change fondamentalement la dynamique. Ce n’est pas tant le genre du Sensei que le cadre posé qui donne une autre énergie au cours.

 

On change de partenaire à chaque technique.

Contrairement à certains cours mixtes traditionnels, les cours féminins auxquels j’ai assisté proposent généralement une dynamique dans laquelle on change de partenaire pour chaque nouvelle technique. Cette dynamique permet de créer des liens humains plus forts. 

On se confronte à des petits gabarits (parfois plus petits que soi).

Je mesure 1,55 m et j’ai trouvé plus petit que moi. Cela m’a obligée à descendre sur mes appuis, à ajuster ma posture et à redoubler d’attention avec mes partenaires. Ces micro-adaptations précieuses n’arrivent pas toujours dans les cours mixtes.

 

On trouve un véritable esprit de sororité.

Les Women Class se terminent souvent par un salut final en cercle. Les pratiquantes restent parfois un peu après, pour retravailler ensemble ou simplement échanger. 

En sommes, une dynamique collective qui change le cadre de pratique, même quand la pédagogie reste la même.

Techniquement, il n’y a pas de grande différence entre un cours mixte et une Women Class. Les enseignants ne modifient pas leur pédagogie. Ce qui change, c’est la dynamique collective, plus inclusive. Ce qui permet aux femmes de pratiquer dans un espace sécurisant et de plus facilement se relâcher. Et le relâchement est une condition sinequanone de la pratique.

Un cadre inclusif et sécurisant pour un public féminin

Dans ces cours réservés aux femmes, il ne s’agit pas d’exclure ou de créer un entre-soi figé. Il s’agit de proposer un cadre où l’on peut entrer dans la pratique autrement, sans avoir à se suradapter d’emblée à des dynamiques parfois plus brusques ou intimidantes. les Women class proposent ainsi un cadre inclusif et sécurisant pour un public féminin, pensé comme une passerelle vers une pratique plus libre. Pour certaines pratiquantes, ces cours pour femmes  sont un un tremplin vers la pratique mixte, ou, une manière de s’ancrer avant de rejoindre des cours au public hétérogène. 

Pour d’autres,  ces cours sont un espace où elles vivent pleinement leur sororité. Il n’y a pas de choix à faire, ni de chemin unique à suivre : chacune est libre de pratiquer l’Aïkido dans un cours non mixte, mixte, ou les deux. C’est cette liberté-là que ces espaces rendent possible — celle de trouver sa place sur le tatami, à son rythme et selon ses besoins.

Conclusion

Pratiquer l’Aïkido au Japon en tant que femme, c’est aussi observer une société où l’accueil passe par le cadre mais également par la possibilité d’entrer doucement dans une pratique sans avoir à s’imposer. Ces cercles de femmes, dans le cadre de cours spécifiques, m’ont permis de vivre l’Aïkido autrement dans une atmosphère où la sororité offre une nouvelle dynamique de pratique, plus inclusive tout en incarnant les valeurs d’accueil et de bienveillance de l’Aïkido.

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