[Aujourd’hui, je laisse la plume à Pacôme Auguste AKOGOU, originaire du Bénin et NiDan en aïkido et instructeur principal de Shôwa Aïkido Bénin. Pacôme a décidé de s’exprimer sur la thématique des déplacements en aikido, au fondement d’une pratique solide.]
L’aïkido est-il une danse ? La comparaison est fréquente chez les curieux et les néophytes.
Et pour cause, les différents mouvements réalisés en aïkido sont accompagnés d’un certain nombre de déplacements permettant à l’aikidoka de développer une pratique coordonnée, fluide et harmonieuse.
En aïkido, le déplacement fait partie de la pratique, et il existe plusieurs manières de se déplacer qu’il convient de présenter.
Quels sont ces déplacements et comment les appliquer quotidiennement pour améliorer sa pratique ?
Nous aborderons ici le pourquoi et l’importance de cette notion de base qu’est le déplacement en Aïkido.
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Déplacement en aïkido : quelles particularités ?
En aïkido, l’exécution et la réussite d’une technique ont pour base la maîtrise des déplacements. Mais lorsque ces derniers sont mal exécutés, ils peuvent devenir contraignants en nous bloquant dans la réalisation de la technique. Pourtant, l’Aïkido, dans son essence, invite le corps à se mouvoir librement et souplement. L’originalité même du déplacement en aïkido est régie par le principe d’irimi : aller de l’avant.
Pour un non pratiquant, la première réaction face à un danger serait de reculer ou prendre la fuite. C’est une réaction tout à fait normale ; mais à contrario l’aïkido nous enseigne à ne pas reculer, à aller au cœur du danger, avec vigilance, mais détermination, pour le contrôler à sa source. C’est ainsi que le principe d’irimi, d’engagement du corps, est mis en pratique.
Avant d’évoquer les principaux déplacements, il était donc important de revenir sur la notion d’irimi qui signifie : entrer, action de pénétrer jusqu’à l’intérieur de la garde (sphère vitale) d’aîte/uke. Prendre l’ascendant sur aïte-uke.
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Déplacements en aïkido : mais de quoi parle-t-on ?
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En aïkido, on ne se déplace pas comme dans la rue. Les déplacements sont organisés. On pourrait même parler de codification.
Si vous êtes débutant, voici les six grands déplacements dont vous entendrez souvent parler :
- TSUGI ASHI : le pas chassé. Pour ce déplacement, c’est le pied arrière qui initie l’action, lorsqu’il touche le pied avant celui-ci avance, un peu comme deux boules de billard qui se poussent. Les deux pieds ne se décollent pas du tatami lorsqu’ils avancent ;
- AYUMI ASHI : un pas en avant avec la jambe de derrière. Ce déplacement consiste à se déplacer comme dans notre vie de tous les jours, en accentuant le déplacement. On l’utilise lorsque l’on s’avance vers l’adversaire ;
- TENKAN : le pied arrière dans ce déplacement réalise un arc de cercle en suivant la rotation du corps vers l’arrière, puis se positionne toujours derrière le pied avant. Le corps aura fait demi-tour et on fait face à l’orientation opposée ;
- HENKA : Il s’agit d’un déplacement des hanches sans bouger les jambes (pivot). Les pieds ne bougent pas, on se retrouve dans la direction opposée à celle du départ ;
- TAÏ SABAKI (Irimi tenkan): C’est un déplacement qui consiste à mettre en rotation son pied arrière pour aller vers l’avant et de pivoter en Tenkan sur celui de l’avant de façon à former deux demi cercles.
Pourquoi travailler bas sur ses appuis en aïkido ?
La pratique de l’aïkido permet la stabilisation et la coordination du corps, les hanches deviennent alors le moteur qui rend puissant les déplacements et les extensions du corps. Il faut par conséquent maintenir un ancrage “bas”, afin d’avoir une maîtrise de notre équilibre. C’est pour cela que les genoux doivent être légèrement fléchis lors de la pratique : cette flexion contribue à renforcer l’action de notre poids sur nos appuis et donc à œuvrer au maintien de notre stabilité en statique comme en dynamique.
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Aikido : 3 modes de travail pour mettre en pratique les déplacements
En aïkido, trois modes de travail régissent l’utilisation des déplacements. Il s’agit de :
* Suwari waza : Ce mode de travail se pratique à genou et implique le shiko (déplacement à genou). Il permet :
- d’affermir l’agilité et la force des jambes ;
- d’apprécier les rapports de force et de taille distincts de ceux effectués debout ;
- de s’astreindre à garder le haut du corps à la verticale ;
- de privilégier le travail avec les hanches plutôt qu’avec les jambes.
Mais il faut souligner que le risque de développer des problèmes de genou est souvent élevé s’il est mal pratiqué.
* Hanmi handachi waza : dans ce mode de travail, uke, debout, attaque un tori à genoux. Cela permet d’évaluer les difficultés immanentes au travail à genoux. Il est à noter que la position debout donne un avantage à uke dans son agilité à mouvoir, ce qui implique pour tori une grande précision dans la maîtrise du déséquilibre de tori.
* Tachi waza : ce mode de travail est le plus “classique” qu’on retrouve dans tous les arts martiaux. Les deux partenaires sont debout et se font face. Il est plus commode à un pratiquant débutant. C’est d’ailleurs la première forme qu’il apprend et au fur et à mesure que son corps s’adapte, il s’essayera au travail de Suwari waza.
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L’importance du travail de coordination des déplacements (unité du corps)
L’originalité et l’intérêt de coordonner les déplacements en aïkido est d’aller plus loin en apprenant à affronter des situations avec distance et maîtrise,
On parle sans cesse d’harmonie et on ne saurait être en harmonie avec un partenaire inconnu si l’on ne l’est pas avec soi-même.
L’aïkido est un art martial qui consiste à préserver l’unité du corps et de l’esprit dans l’espace. Physiquement, il permet de travailler sur la présence et la coordination des mouvements pour que tous les muscles et toutes les articulations soient travaillés en souplesse. Le centrage, l’alignement, les lignes de force, la coordination entre le haut et le bas du corps assurent l’efficience dans l’exécution des déplacements.
C’est pour cela que lorsqu’on effectue un déplacement (irimi tenkan par exemple) il est indispensable que les mains travaillent de pair avec les jambes, on voit la difficulté d’harmoniser le haut et le bas. Les pieds bougent comme les mains. Il faut se concentrer sur les parties en harmonie du corps : pieds – mains, genoux – coudes, hanches – épaules, et la tête, elle, est le garant de la rectitude et de la justesse des techniques.
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Conclusion
L’essentiel dans la pratique quotidienne de ces déplacements de base est qu’ils contribuent à améliorer la stabilité et l’équilibre lors de l’exécution de mouvements (attaques ou techniques) pendant la pratique.
Je n’ai nullement la prétention d’exposer ici la manière parfaite d’exécuter ces déplacements mais simplement de rappeler pourquoi il est indispensable de mener un travail approfondi afin de les maîtriser et « d’entrer » dans la sphère vitale du partenaire.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne pratique tout en faisant attention aux gestes en apparence naturels mais qui nécessitent tout un savoir-faire.
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L’auteur
Je m’appelle Pacôme Auguste AKOGOU, originaire du Bénin et NiDan en aïkido.
Je suis instructeur principal de Shôwa Aïkido Bénin.
Après plus d’une décennie de pratique dans l’art, je souhaite partager avec le public et tous ceux qui sont intéressés par cet art de non-violence quelques notions fondamentales qui vous seront utiles du mieux que possible. Ces notions pas absolues ni exhaustives mais sont le reflet de ma compréhension et de mon appropriation personnelle de l’aïkido.
Je vous en souhaite une bonne lecture !
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Ressources :
- https://aikido-millennials.com/
- https://aikido.com.fr/wp-content/uploads/2022/07/rp-csdge-mars2022.pdf
- https://www.parisaikidoclub.com/spip/spip.php?article693
- http://aikido-argenteuil.over-blog.com/article-11443403.html