L’intégration des personnes en situation de handicap dans les activités sportives a pris une importance croissante ces dernières années. Les jeux paralympiques en sont une belle démonstration. Parmi les différentes disciplines sportives, les arts martiaux occupent une place particulière grâce à leurs bienfaits physiques et mentaux. Contrairement à d’autres arts martiaux plus compétitifs, l’aikido est basé sur des principes d’équilibre et d’adaptation, ce qui le rend accessible à un large éventail de pratiquants, y compris ceux en situation de handicap. Dans cet article, j’aimerais montrer comment l’aikido peut être pratiqué par des personnes avec divers types de handicaps, les bénéfices qu’il peut apporter et des exemples concrets.

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L’Aikido : une philosophie portée sur l’accessibilité

 

L’aikido se distingue par son approche unique qui combine techniques de self-défense, mouvements fluides et philosophie de la paix. Plutôt que de chercher à vaincre l’adversaire par la force, l’aikido vise à rediriger l’énergie du partenaire pour éviter le conflit. Cette approche non violente et non compétitive en fait une discipline particulièrement inclusive.

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Les techniques d’aikido ne nécessitent pas de force physique mais travaillent sur des contraintes articulaires. Si pour des raisons médicales, ces contraintes ne peuvent être appliqués, il ne faut pas oublier que le principe des techniques porte sur l’utilisation de l’énergie, l’équilibre, et la fluidité du mouvement. Ces aspects permettent d’adapter facilement les techniques en fonction des capacités de chaque individu, ce qui ouvre la porte à la pratique de l’aikido par des personnes ayant des limitations physiques, sensorielles ou cognitives.

Thierry Meline, 62 ans et porteur de plusieurs handicap physiques, a pu retrouver une mobilité physique grâce à l’Aikido. Aujourd’hui, il est titulaire d’un brevet fédéral, diplôme qui lui permet d’enseigner la pratique.

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Aikido et handicap physique : quelles possibilités ?

Les personnes ayant des handicaps physiques, comme une mobilité réduite ou l’utilisation d’un fauteuil roulant, peuvent pratiquer l’aikido avec succès. Dans de nombreux dojos (lieux d’entraînement), les instructeurs adaptent les techniques pour répondre aux besoins spécifiques des pratiquants. Par exemple, certaines techniques peuvent être exécutées en position assise ou avec des mouvements adaptés pour les personnes en fauteuil roulant. C’est le cas au dojo de Villars, dans lequel Luc Mathevet, 7ème dan d’Aikido Shihan, anime des cours pour les personnes en situation de handicap physique avec l’Handi-aikido.

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Les mouvements circulaires de l’aikido, fondamentaux dans cette discipline, peuvent être modifiés pour s’adapter aux capacités des pratiquants. Par exemple, au lieu de pivoter sur les pieds, une personne en fauteuil peut utiliser des mouvements de bras pour diriger l’énergie de l’adversaire. De plus, les exercices de respiration et de posture, essentiels dans l’aikido, aident à renforcer le tronc et à améliorer l’équilibre, même en position assise.

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Aikido et handicap sensoriel : comment pratiquer ?

Luc Mathevet, 7e dan anime le cours Handi-Aikido pour les adultes en situation de handicap, au dojo de Villars (Loire, 42)

Les déficiences sensorielles, telles que la cécité ou la surdité, n’empêchent pas non plus la pratique de l’aikido. Pour les personnes malvoyantes ou aveugles, l’aikido offre une riche expérience sensorielle basée sur le toucher et la perception des mouvements. Les enseignants peuvent utiliser des commandes verbales précises et des indications tactiles pour guider les pratiquants. L’accent est mis sur le ressenti de l’énergie et l’interaction avec le partenaire, ce qui renforce la perception spatiale et la conscience de l’environnement.

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Les pratiquants sourds ou malentendants peuvent bénéficier de démonstrations visuelles et de signaux manuels clairs pour apprendre les techniques. Dans certains dojos, les instructeurs ont mis en place des systèmes de communication visuelle spécifiques pour faciliter l’apprentissage. L’aikido encourage également l’intuition et l’anticipation des mouvements, compétences qui peuvent être affinées indépendamment de la capacité auditive.

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Aikido et handicap cognitif : une pratique possible ?

Les personnes avec des handicaps cognitifs ou des troubles de l’apprentissage, comme l’autisme, peuvent aussi trouver une place dans l’aikido. La structure des cours d’aikido, souvent basée sur la répétition des techniques et l’établissement de routines, offre un environnement rassurant et prévisible. La pratique régulière aide à renforcer la concentration, la coordination et la maîtrise de soi.

C’est le cas de Géraldine Ibled, 1er dan, diagnostiquée autiste et qui pratique au dojo de Dieppe 

Dans de nombreux cas, l’aikido a démontré des effets positifs sur la gestion du stress et des comportements agressifs. La philosophie de l’aikido, combinée à la pratique physique, peut être particulièrement apaisante et bénéfique pour les pratiquants ayant des difficultés à gérer leurs émotions. De plus, les interactions sociales au sein du dojo favorisent l’inclusion et le développement de l’intelligence émotionnelle.

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Les bénéfices physiques et mentaux de l’Aikido

L’Aikido, une aide à la concentration chez les jeunes (enseignant : Fabrice de Ré)

Pratiquer l’aikido offre une multitude de bienfaits tant sur le plan physique que mental, surtout pour les personnes en situation de handicap :

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  1. Amélioration de la condition physique : Les techniques d’aikido aident à renforcer les muscles, à améliorer la flexibilité et à développer une meilleure posture. Même avec des adaptations, les mouvements d’aikido permettent un exercice physique qui peut aider à prévenir les complications liées à une immobilité prolongée.
  2. Renforcement de la confiance en soi : La maîtrise progressive des techniques d’aikido et l’acquisition de nouvelles compétences renforcent l’estime de soi. Savoir que l’on peut se défendre ou simplement accomplir des mouvements complexes procure un sentiment d’accomplissement et de confiance.
  3. Gestion du stress et de l’anxiété : Les exercices de respiration et de méditation, souvent intégrés dans la pratique de l’aikido, aident à calmer l’esprit. L’approche philosophique de l’aikido, centrée sur la résolution pacifique des conflits, offre des outils précieux pour la gestion du stress quotidien.
  4. Amélioration de la concentration et de la discipline : La nature structurée de l’aikido, avec un accent sur la répétition et la précision, aide à développer la discipline et la concentration. Ces compétences peuvent se traduire positivement dans d’autres aspects de la vie, notamment pour les jeunes ou les personnes ayant des troubles de l’attention.

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L’inclusivité, une valeur au cœur de l’Aikido

De nombreux dojos à travers le monde reconnaissent l’importance de rendre l’aikido accessible à tous. Des initiatives spécifiques ont été mises en place pour accueillir les personnes en situation de handicap, avec des instructeurs formés pour adapter les techniques et créer un environnement de soutien. Par exemple, en Europe et en Amérique du Nord, il existe des programmes spécialisés d’aikido pour personnes handicapées, promouvant une approche inclusive et bienveillante.

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Conclusion

L’aikido prouve que les arts martiaux ne sont pas réservés aux personnes valides. Avec sa philosophie d’harmonie et d’adaptation, cet art martial japonais offre une opportunité unique pour les personnes en situation de handicap de s’engager dans une activité physique bénéfique, de renforcer leur confiance en elles et de trouver un sentiment d’appartenance. En ouvrant ses portes à tous, l’aikido démontre que le sport est un puissant vecteur d’inclusion et de développement personnel, peu importe les défis physiques ou mentaux que l’on peut rencontrer.

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